07/09 :Anne Mpay : Le conte est un facteur de développement
La réalisatrice prépare une série de dessins animés sur la base des traditions orales africaines. "Je travaille depuis un peu plus de trois ans et la sélection n'a pas du tout été facile. Il fallait se fixer des critères de sélection dès le départ. Au début, je sélectionnais des contes parce que je les trouvais beaux. Après, je me suis rendue compte que ce n'était pas possible d'aller par exemple signer des contrats dans des maisons d'édition basées dans tous les pays d'Afrique. Je ne peux pas me permettre."
Vous présentez actuellement un projet de dessins animés sur des contes africains. De quoi s'agit-il exactement ?
Mon projet s'intitule les contes sous le baobab. Autrefois, les contes se racontaient en Afrique forestière autour du feu et dans les, pays de savane sous le baobab. Le baobab est donc un symbole africain, qui est devenu aujourd'hui un symbole universel.
Dix sept pays africains sont concernés. Comment ont-ils été choisis ?
Il s'agit des pays d'Afrique noire francophone. Le projet pourra s'étendre un jour aux pays anglophones. Ce qui lie les pays choisis, c'est justement ces traditions orales. Descendante de gardiens de traditions depuis 22 générations, j'ai décidé de transmettre les contes non plus dans la famille, mais aussi à d'autres.
Comment vous est venue l'idée de traduire ces contes en dessins animés ?
Il y a un manque dans le domaine. Je me suis dit : les Américains sont en train de travailler sur des contes africains, les Japonais aussi. Le Royaume de Walt Disney c'est un conte africain qui a rapporté 740 milliards de dollars à la Walt Disney Company en 1994 et que certains pays, dont l'Inde, vivent en parte de ces contes. Pour moi, c'est un facteur de développement.
Ça ne doit pas être facile de rassembler ces contes-là, qui ne figurent pas encore sur des supports écrits. Comment procédez-vous?
Je travaille depuis un peu plus de trois ans et la sélection n'a pas du tout été facile. Il fallait se fixer des critères de sélection dès le départ. Au début, je sélectionnais des contes parce que je les trouvais beaux. Après, je me suis rendue compte que ce n'était pas possible d'aller par exemple signer des contrats dans des maisons d'édition basées dans tous les pays d'Afrique. Je ne peux pas me permettre d'aller au Rwanda, au Burundi, etc, juste pour acquérir des droits. J'ai donc travaillé prioritairement sur les contes édités en France et je me suis fixée des critères de sélection. Il fallait des contes pas trop longs, parce que je travaille sur des courts métrages de 15 minutes chacun. Il fallait des contes qui finissent bien, parce qu'il y a des contes qui finissent par "ils sont tous morts, c'est bien fait pour eux", comme les contes zagawas du Tchad.
Je m'adresse aux enfants du monde entier et je cible les enfants de 7 à 11 ans, donc ce n'est pas la peine de parler de mort. Les chaînes de télé ont des cibles. Et le facteur culturel divise un tout petit peu le hommes. Vous pouvez être avec des Chinois qui se mettent à rire parce que quelque chose les a amusés alors que vous ça ne vous fait pas rire du tout. Il y a des contes qui m'amusent, mais qui n'amusent pas du tout les autres membres de mon équipe.
Propos recueillis par J. R. N
Source: Alwihda - Mutations