177 RESCAPES OU TEMOINS DU GENOCIDE ASSASSINES DEPUIS 2000, SELON IBUKA
Arusha, 31 janvier 2007 (FH) - Au moins 177 rescapés ou témoins du génocide de 1994 ont été assassinés depuis 2000, selon Ibuka, la principale organisation de survivants de ces massacres perpétrés d’avril à juillet 1994.
« On enregistre 177 assassinats pour la période de 2000 à 2006 ; il s’agit pour l’essentiel de rescapés du génocide mais aussi de quelques cas de témoins potentiels», a indiqué mercredi le Secrétaire exécutif d’Ibuka, Benoît Kaboyi.
Il a relevé par ailleurs que pour la même période, plus d’une centaine de tentatives d’assassinats de rescapés du génocide avaient échoué à travers le pays.
Jeudi dernier, la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands lacs (LDGL) a tenu à Kigali une journée d’échanges sur les assassinats et les menaces dont sont victimes les rescapés du génocide, les témoins potentiels et les juges des juridictions semi-traditionnelles Gacacas chargées de juger la plupart des responsables présumés du génocide.
Des institutions gouvernementales tels le ministère de la Sécurité intérieure, la Police nationale, le Service national des juridictions Gacacas ainsi que quelques représentants du corps diplomatique et de la société civile y ont participé, selon la LDGL.
Le représentant de la Police nationale a révélé que certains rescapés et témoins du génocide, fuyant les menaces contre leur sécurité, ont trouvé refuge dans des camps militaires et des stations de police, toujours selon la Ligue.
Suite à cette situation, poursuit l’organisation, les témoins préfèrent le silence, la participation aux travaux des juridictions Gacacas diminue et certains juges demandent à démissionner.
Inspirés de la justice traditionnelle rwandaise, les tribunaux Gacacas sont animés par des « personnes intègres » (inyangamugayo, en langue rwandaise) élues au sein de leur communauté. Juges non professionnels, ils exercent par ailleurs leur travail à titre bénévole.
Lors de cette journée de réflexion, Kaboyi a critiqué le dernier rapport de l’Organisation américaine Human Rights Watch qui faisait état des représailles meurtrières après l’assassinat de rescapés dans la province de l’Est vers la fin de l’année dernière.