Commémorations à Arusha

Trois institutions joindront leurs forces pour organiser la commémoration du 14ème anniversaire du génocide des Tutsis au siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha lundi prochain le 7 avril.

Le représentant du gouvernement rwandais au TPIR, Aloys Mutabingwa, a déclaré mercredi à l’agence Hirondelle que cette cérémonie sera organisée cette année conjointement par son bureau, la communauté rwandaise d’Arusha et l’association du personnel du TPIR. Jusqu'à présent c’était la communauté rwandaise qui s’en chargeait.

Il a indiqué que ce devrait être la dernière fois que ce genre de cérémonie se déroulera à Arusha car le TPIR devrait terminer ses procès en première instance à la fin de cette année.

Selon Mutabingwa, des orateurs du jour centreront leurs interventions sur ce qui s’est passé au Rwanda pendant les 100 jours du génocide pour montrer « que plus jamais ne doit pas rester un simple slogan ». Sont censés prendre la parole, notamment le commissaire régional d’Arusha, Isidore Shirima, le greffier du TPIR, Adama Dieng, le procureur, Hassan Bubacar Jallow, ainsi que Mutabingwa lui-même. Selon une autre source, le procureur Jallow doit participer à la commémoration officielle des Nations Unies prévue comme chaque année dans la capitale de la Tanzanie, Dar es Salaam.

Les invités se rencontreront dans l’après-midi au Centre international des conférences d’Arusha qui abrite également le TPIR. Les discours officiels seront précédés par des prières.

Mutabingwa a saisi cette occasion pour louer le travail effectué par le TPIR créé par les Nations unies en 1994 pour juger les principaux suspects du génocide. « Je dois louer les efforts déployés par les responsables du TPIR pour améliorer son efficacité », a déclaré Mutabingwa. Au cours des quatre ans qu’il vient de passer au TPIR, le nombre de jugements rendus par cette juridiction a doublé par rapport aux années précédentes, a-t-il souligné.

Le TPIR a jugé à ce jour 35 personnes. Le génocide rwandais a fait 800.000 morts, selon l’ONU.

Hassan Jallow, le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a souhaité lors de la cérémonie qui a marqué à Arusha le 14ème anniversaire du génocide qu’une justice préventive permette d’éviter une tragédie comme celle du génocide rwandais.

« Notre expérience du génocide rwandais devrait nous pousser à élargir la réaction à de semblables tragédies potentielles » a dit le procureur. « Les réponses légales sont absolument nécessaires mais ne répondent pas à tout. Nous devons les appuyer par la justice préventive et avec une justice de restitution ». Le génocide rwandais est maintenant un fait établi, dont la chambre d’appel du TPIR a fait un constat judiciaire, a-t-il rappelé.

Le greffier Adama Dieng a, quant à lui, exhorté le personnel du tribunal qui doit terminer son mandat d’ici la fin de l’année à continuer à s’atteler à son travail. « Nous le devons aux victimes rwandaises, nous le devons à la communauté internationale », a-t-il dit. Selon lui, bien que le mandat du tribunal ne comprenne pas de procédure d’indemnisation, le TPIR a « aidé les victimes à mieux envisager l’avenir. »

« Le Rwanda sonne l’alarme » a, de son côté, déclaré Aloys Mutabingwa, représentant du gouvernement rwandais auprès du TPIR. « C’est un réveil pour que, nous tous, nous nous dressions contre les origines du génocide » a-t-il dit. « Cette commémoration, a-t-il ajouté, est une occasion de donner l’alarme sur la dévastation de l’humanité qui pourrait résulter d’un oubli délibéré de ce qui s’est passé au Rwanda. » Certains sont encore en train de nier le génocide, a-t-il regretté.

Cette cérémonie, organisée par la communauté rwandaise d'Arusha et l'association du personnel du TPIR, était la première commémoration organisée dans l'enceinte du TPIR mise à part celle du dixième anniversaire en 2004. Deux des 18 juges y ont assisté, ainsi qu’une centaine de membres du personnel.