La Cour militaire de Kigali a requis par contumace la prison à vie contre l’abbé Wenceslas Munyeshyaka, un prêtre catholique rwandais en exil en France, a rapporté jeudi matin la radio nationale rwandaise.
Le prêtre était jugé devant le tribunal militaire en tant que complice du général Laurent Munyakazi, officier de la gendarmerie nationale en charge de la sécurité de la ville de Kigali pendant le génocide. La Cour militaire a requis la peine de mort contre ce dernier, a précisé la radio. Le jugement sera prononcé le 16 novembre prochain.
Selon la loi rwandaise, un civil accusé de complicité avec un militaire comparaît avec ce dernier devant un tribunal militaire.
Le père Wenceslas est accusé d’avoir joué un rôle dans les massacres de Tutsis en 1994 à l'église de la Sainte Famille, dans la capitale rwandaise.
De nombreux témoins ont soutenu devant la Cour militaire présidée par le général Karenzi Karake que l’ancien officier gendarme et l’homme d’église s’étaient entendus pour livrer aux tueurs des Tutsis qui s’étaient réfugiés à l’église dès avril 1994. L’abbé Munyeshyaka fait l’objet d’une information judiciaire ouverte en France en 1995.
Entre avril et mai 1994, le prêtre aurait, selon des témoins, contribué aux massacres de Tutsis par les milices hutues et des membres des Forces armées rwandaises (FAR). Il aurait à plusieurs reprises participé à la sélection de réfugiés tutsis choisis pour être massacrés, les aurait laissés mourir de soif, aurait dénoncé aux autorités les personnes essayant de les aider, et aurait violé plusieurs femmes.
Le général Munyakazi, membre de l’ancienne armée rwandaise, a rejoint la nouvelle armée rwandaise quelques mois après le génocide d’avril à juillet 1994. Il est le plus haut responsable militaire à avoir été mis en procès pour génocide devant un tribunal rwandais. Plusieurs officiers, parmi ses compagnons d’armes, sont venus à la barre témoigner contre lui.