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 Murambi

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ibukafrance
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MessageSujet: Murambi   Murambi Icon_minitimeMer 3 Jan - 13:16

Murambi, le témoignage vivant du drame rwandais de la zone Turquoise

Date: 3-janvier 2007

(Notre Voie 02/01/2007)

D’avril à juillet 1994, le Rwanda, petit pays d’Afrique de l’Est a été le théâtre d’un génocide perpétré par le pouvoir hutu contre les Tutsis. Le Mémorial de Murambi est, aujourd’hui, le témoignage vivant de cette tragédie humaine.

Murambi, une bourgade située sur un plateau dans la préfecture de Gikongoro, 150 km au Sud-Ouest de Kigali, vers la frontière de la République démocratique du Congo (RDC).

Dans une école secondaire inachevée, est conservé un pan du drame vécu par les Tutsis rwandais entre avril et juillet 1994 : le génocide des Tutsis. Trois mois pendant lesquels l’humanité a été réduite à sa plus simple expression. Dans l’indifférence générale.

Un bâtiment imposant qui devait initialement servir de bâtiment administratif de l’école est désormais le Mémorial de Murambi.

Après modification et adaptation. Il est l’expression de la volonté des autorités rwandaises de faire en sorte que plus jamais cela ne se répète. Dès qu’on y entre, on est accueilli par l’histoire du drame. Sur le mur du couloir circulaire, sont exposés, coupures de journaux racontant le génocide, photographies macabres, extraits de discours de haine ayant conduit au drame...En français, en anglais, en kinyanrwanda, la langue parlée au pays des Mille collines.

Le visiteur est frappé par la façon méthodique dont le massacre a été planifié depuis la période coloniale jusqu’à l’indépendance, et même après. D’abord par les colons eux-mêmes, puis par les religieux et, enfin, par les pouvoirs successifs. Comme dans un film, le visiteur est transporté au cœur du plus grand drame humain du 20ème siècle finissant sur le sol africain.

A l’extérieur du bâtiment, à droite, des blocs rectangulaires ou carrés de béton. Ce sont des sépultures. “Là-dedans, ont été ensevelis dignement 34.000 Tutsis massacrés à Murambi”, explique François Rusanganwa, le responsable du Mémorial.

A gauche, une fosse clôturée. C’est l’une des fosses communes d’où plusieurs corps ont été exhumés. Derrière le bâtiment, spectacle macabre. Des corps d’hommes, de femmes et d’enfants sont encore exposés dans 24 salles. Ici, on ne s’est pas contenté de graver sur les murs des photos macabres ou des témoignages écrits.

On a conservé des corps entiers. Avec tous leurs membres, certains portent des cheveux. Mais tous présentent l’aspect d’un squelette. On reconnaît aisément, par leur morphologie, des corps d’enfants, de femmes et de personnes mûres. Une odeur difficilement supportable vous accueille tout de suite. Cela est dû aux conditions approximatives de conservation. Séchés simplement à la chaux, les corps sont disposés côte à côte sur des tables.

Ces cadavres ont perdu leur aspect naturel. Il n’en reste que des squelettes tout blancs. “Nous avons utilisé de la chaux pour sécher les corps pour les conserver comme témoignage vivant du massacre. Les corps étaient exposés dans 72 salles, mais ils commençaient à se décomposer. On a donc décidé d’enterrer le plus grand nombre et seulement 1.200 ont été conservés depuis 1996 qu’ils ont été exhumés”, précise François.

“Nous avons maintenant besoin qu’on aide à mieux les conserver avec des produits plus efficaces, parce qu’avec la chaux, il n’est pas possible de les conserver plus longtemps”, ajoute le maître des lieux.

Dans une salle qui aurait dû être le réfectoire des pensionnaires de l’école secondaire, des vêtements exposés sur des cordes. Ils sont des centaines. Voire des milliers. Ils ont appartenu aux victimes. “Leurs bourreaux leur ôtaient leurs habits après les avoir massacrés. Sur un versant du plateau, un vaste espace recouvert d’herbes. “Là se trouvaient des fosses communes d’où ont été extraits les corps des victimes”, explique encore François.

“Quand les soldats français sont arrivés, ils ont bien remblayé l’endroit et c’est sur les fosses communes qu’ils avaient installé leur terrain de volley-ball”, révèle-t-il. Retour sur l’histoire. “Murambi est l’histoire de la façon dont périrent 40.000 hommes, femmes, enfants tutsis dans une école secondaire en construction, le 21 avril 1994”, peut-on lire sur le mur d’un couloir du Mémorial.

Cela faisait déjà 15 jours que le génocide des Tutsis avait débuté à la suite de l’abattage, le 6 avril 1994, de l’avion du président Juvénal Habyarimana. La chasse aux Tutsis avait alors commencé à Kigali, la capitale, et s’était rapidement répandue dans tout le pays. Francis raconte : “Le lendemain de l’accident d’avion qui a coûté la vie au président Habarimana, ici à Gikongoro, les miliciens interahamwe, qui avaient été formés et entraînés, ont commencé à menacer, à brûler, à manger les vaches et à tuer les Tutsis dans les villages.

Alors, les Tutsis étaient obligés de fuir vers les églises et les écoles, comme cela se faisait habituellement quand il y avait des montées de tension. Mais, en plus, les autorités leur ont dit de venir ici à Murambi en promettant de les protéger contre les génocidaires. Mais, en réalité, c’était une stratégie pour les regrouper en vue de les massacrer plus facilement...C’était aussi une stratégie pour réduire leur capacité de résistance quand on viendrait les attaquer. Les Tutsis ont obéi aux autorités et sont arrivés ici. Ils étaient environ 50.000. Ils ont passé deux semaines ici sans manger ni boire. Le 18 avril 1994, il y a eu une première attaque qui a été repoussée par les victimes elles-mêmes qui ont utilisé toutes sortes de projectiles ramassés par-ci par là (cailloux, morceaux de brique...).

La nuit du 21 avril, à 3h du matin, une attaque bien organisée a été menée par les miliciens interahamwe appuyés par les soldats tous armés de fusils et de grenades. Il y avait aussi les populations armées de machettes, de lances de massues avec des clous. Ils ont encerclé l’école.

ls ont tué et massacré les Tutsis. Certains qui ont pu échapper sont allés se réfugier dans une église catholique à 6 km d’ici, pensant qu’ils y seraient protégés. Mais ils ont été aussi tués. . Le lendemain, les autorités ont amené des machines pour creuser des fosses communes où les corps sans vie ont été jetés en désordre. Des enfants, des bébés qui étaient encore vivants et dont certains continuaient de sucer les seins de leurs mères mortes ont été jetés vivants dans les fosses communes”.

La zone Turquoise : refuge des génocidaires

Mais le calvaire des Tutsis ne s’est pas arrêté là. Il a continué bien longtemps après. Dans la deuxième quinzaine de juin 1994, les soldats français sont arrivés dans le cadre de l’opération dite Turquoise.

Une opération qui couvrait les préfectures de Cyangugu, Kibuye et Gikongoro où les Français avaient créé “la zone humanitaire sûre”. Ils avaient installé leur base justement dans l’école où les Tutsis avaient été massacrés un mois plus tôt.

Selon les témoignages, ils avaient donné de l’argent pour que toutes les traces de sang dans les salles soient nettoyées. Ils avaient également utilisé les grands moyens pour mieux fermer les fosses communes, mieux remblayer et y avaient érigé leur terrain de volley-ball. A quelques kilomètres de Murambi, ils avaient pris position sur le flan d’une colline surplombant le pont bâti sur la rivière Mwogo.

C’est là qu’ils s’étaient repliés après avoir été confrontés aux troupes du Front patriotique rwandais (FPR), mouvement rebelle tutsi qui contrôlait déjà une bonne partie du territoire, y compris la capitale Kigali, qui tomba le 4 juillet 1994.

“En réalité, la zone Turquoise était une zone de refuge et de protection des miliciens interahamwe qui fuyaient les zones de combat entre l’armée et le FPR”, s’indigne Francis. Mais, plus grave, “malgré la présence des Français, on a continué à pourchasser, à tuer partout les Tutsis qui avaient pu se cacher dans les forêts, les marais, les champs, etc.”, témoigne encore Francis.

Selon lui, alors que le génocide s’était déjà arrêté dans une grande partie du pays du fait de la chute du gouvernement, il s’est poursuivi dans la zone Turquoise, parce que l’armée française avait stoppé l’avancée de l’armée patriotique rwandais (APR), branche armée du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir aujourd’hui). “C’est pourquoi, ici à Gikongoro, le génocide a duré trois mois”, déplore Francis.

Douze ans après le génocide, Murambi est une cité paisible qui s’efforce d’oublier l’horreur. Depuis le Mémorial, on aperçoit, par-dessus une vallée, la prison de Gikongoro.

Là, sont gardés les prisonniers du génocide. Ceux jugés par les Gacaca (tribunaux traditionnels) et ceux jugés par les tribunaux classiques.

Habillés en ensembles de couleur orange, ils s’adonnent à des travaux d’utilité publique. Sur la route de Gikongoro, de vastes champs de maïs, de riz et de manioc témoignent de l’effort de socialisation de ceux qui, hier, dans un accès de folie, ont massacré leurs semblables.
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