Interview de Guichaoua

L’ATTENTAT CONTRE L’AVION D’HABYARIMANA N’EST PAS LA CAUSE DU GENOCIDE (GUICHAOUA)

Arusha, 29 Novembre 2006 (FH) - L’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana « ne peut pas être considéré comme la cause du génocide » a affirmé dans une interview au journal français le Monde André Guichaoua, un sociologue français, témoin expert de l’accusation dans de nombreux procès du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)

«Ceux qui ont mis en œuvre le génocide ne l’ont pas fait parce qu’il y a eu un attentat. Les dirigeants du FPR ont pris le risque du génocide, sans doute en connaissance de cause. Les extrémistes hutus ont eu besoin d’une semaine pour concrétiser leur projet génocidaire et en mettre en place les structures » affirme Guichaoua dans cette interview parue à la fin de la semaine dernière.

Interrogé sur l’attitude du TPIR à propos de l’enquête sur cet attentat, le spécialiste a estimé que la majorité des membres de l’ONU s'étaient «retrouvés solidaires pour étouffer ce dossier ». Selon lui « au regard de la monstruosité du génocide (…) ils ont estimé que toute approche autre que le discours manichéen qui a prévalu jusqu’à maintenant n’était ni audible ni recevable ».

Deux ans avant la fin des procès en première instance au TPIR, André Guichaoua s’inquiète que « la politique du parquet (du TPIR) puisse se dispenser de poursuivre l’ensemble des protagonistes impliqués dans la guerre et dans les massacres » Déjà des enquêtes sont en cours sur « un ensemble d’assassinats et de massacres commis pendant l’année 1994 qui « s’ajoutent à la responsabilité présumée de l’attentat ».

A propos de la planification de génocide qui fait débat depuis dix ans à Arusha « les juristes ont du mal a étayer leurs thèses", affirme André Guichaoua. « Des groupes extrémistes hutus assumaient l’éventualité d’un tel projet (…) on ne peut parler de planification qu’à partir du moment ou ces groupes se sont assurés la maîtrise de l’appareil d’état (…) ajoute-t-il.