Est : Réactions des rescapés du génocide sur le déroulement des procès du TIPR
En se basant sur l’article du numéro précédent (587 à la page 1 et 10) de La Nouvelle Relève, intitulé « Difficile collaboration entre le Rwanda et le TPIR » selon lequel le gouvernement rwandais informait les diplomates la mésentente entre le gouvernement rwandais et le TPIR, basé sur le recrutement (par le TPIR) des personnes accusées du crime du génocide et recherchées par le Rwanda.
Dans ce sens « La Nouvelle Relève » a voulu aussi recueillir des réactions des rescapés du génocide face à ce problème ainsi que leurs opinions sur le déroulement des procès au TPIR en général. Dans la province de l’Est, en date du 19 Septembre, nous avons eu un entretien avec une équipe de 7 personnes rescapées du génocide, provenant des différentes associations en l’occurrence IBUKA (le collectif des associations des rescapés du génocide), AVEGA (association des veuves du génocide), Mpore et Haguruka.
Ces rescapés du génocide rencontrés en province de l’Est ont exprimé leur mécontentement sur le fonctionnement du TPIR qu’ils n’ont cessé de montrer depuis longtemps, ont-ils exprimé. En effet, ils ont expliqué qu’ils ont soulevé depuis longtemps les problèmes de maltraiter les témoins à Arusha, de recruter des génocidaires ainsi que d’acquitter certaines autorités. « Nous étions humiliés et maltraités à Arusha, nous étions victimes d’un langage blessant lorsque nous donnions notre témoignage, ils nous posaient des questions qui nous traumatisaient encore plus », ont précisé nos informateurs qui étaient témoins à Arusha (qui n’ont pas voulu que leurs noms soient mentionnés en raison de leur sécurité). En plus, selon ces rescapés trouvés en province de l’Est, « dans la plupart de fois on ne tient pas en considération nos témoignages, raison pour laquelle les gens comme Jean Mpambara (ancien Bourgoumestre de Rukara), Bagambiki (ancien préfet de Cyangugu), Ntagerura (ancien Ministre des communications et transport) et André Rwamakuba (ancien ministre de l’Education) ; qui étaient des dirigeants jusqu’au bout du génocide, qui donnaient des ordres d’exterminer les Tutsi ont été acquittés », ont déploré ces rescapés. C'est-à-dire que sur leurs territoires (Mpambara) le génocide n’a pas eu lieu ? Se demandent-ils, « qu’est- ce qu’ils ont fait pour l’arrêter ! », regrettent-ils.
Ensuite les rescapés accusent le TPIR de faire traîner volontairement les jugements des génocidaires. Au début, affirment-ils « le TPIR a fait au moins 3 ans sans pour autant commencer sa mission, soit disant qu’ils étudient l’histoire du Rwanda, y a-t-il une histoire qui peut permettre à quelqu’un de tuer sans pour autant être puni ? » se demandent-ils. Pour nos informateurs, un autre problème est que les témoins à Arusha n’ont pas de choix pour leurs interprètes, raison pour laquelle ils pensent d’ailleurs peut être que leurs témoignages peuvent être changés expressément, se soucient ces témoins d’Arusha. « Par contre, l’Etat rwandais devrait envoyer des interprètes de confiance, et chaque témoin devrait avoir le droit de faire un choix libre de son interprète », ont-ils suggéré.
Enfin nos informateurs ont émis des recommandations suivantes :
«L’Etat rwandais devrait être vigilant pour que les activités du TPIR puissent continuer au Rwanda et qu’elles ne dépassent pas l’an 2008 ;
Le TPIR comme un tribunal qui a une grande mission de poursuivre les génocidaires, dans son recrutement, ne devrait pas se baser sur les études, mais aussi sur les comportements (demander les attestations de bonne vie et mœurs) ;
Le TPIR devrait engager un avocat pour les témoins à charge et suivre de près l’objectif de ses juges.
Chantal Namukunzi (La Nouvelle Releve)