L’emprisonnement à vie, la peine maximale au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a été requis vendredi contre l’ex-ministre de l’enseignement primaire et secondaire, André Rwamakuba, accusé de génocide et de crimes contre l’humanité, a constaté l’agence Hirondelle.
Rwamakuba, 56 ans, était membre du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide de 1994 qui a fait, selon Kigali, près d’un million de tués, essentiellement au sein de la communauté tutsie.
«La peine la plus appropriée est l’emprisonnement à vie pour chacun des chefs» portés contre lui, a plaidé, à la fin de ses réquisitions la représentante sénégalaise du bureau du procureur, Dior Fall.
L’ex- ministre est accusé de génocide, complicité de génocide, extermination et assassinats.
Il est reproché à Rwamakuba qui plaide non coupable, d’avoir ordonné des massacres de Tutsis en 1994 dans sa commune natale de Gikomero, près de la capitale, et à l’hôpital universitaire de Butare (sud).
Dans ce centre hospitalier, ce médecin de formation aurait, selon le procureur, abattu d’une hache, une femme tutsie et arraché les perfusions d’autres malades tutsis.
«La peine d’emprisonnement à vie est la seule sanction à la mesure des crimes qu’il a commis et fait commettre», a poursuivi Mme Fall.
«En sa qualité de médecin de formation, il aurait dû s’atteler à sauver des vies humaines, malheureusement, il a délibérément choisi de faire le contraire en participant aux massacres de Tutsis», a-t-elle ajouté.
L’accusé, qui boycotte son procès depuis son ouverture en juin 2005 reprochant au procureur d’avoir manipulé son dossier, n’était pas présent dans le prétoire. Les débats avaient été clos en février dernier.
La défense, qui a plaidé l’acquittement, a cité 30 témoins alors que l’accusation en avait fait comparaître 16.
«Vous n’êtes pas là pour juger un génocide, vous êtes là pour juger un individu», a déclaré l’avocat principal de Rwamakuba, Me David Hooper (Grande Bretagne), clamant l’innocence de son client.
Rwamakuba était membre du Mouvement démocratique républicain (MDR), l’une des principales formations politiques à l’époque.
Jusqu’en mai 2004, il était en procès avec trois dirigeants nationaux de l’ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).
En février 2005, la chambre d’appel, saisie par le procureur, avait ordonné un procès séparé pour Rwamakuba.