Des milliers de survivants du génocide ont organisé une marche sur une route de trois kilomètres, suivie par plus 2000 Tutsis avant leur mise à mort en avril 1994. Ce massacre faisait suite au retrait des soldats de l’ONU qui les gardaient à l’Ecole technique officielle de Kigali (ETO).
«Pour nous, l’ONU représente une trahison», a déclaré François Ngarambe, président de l’association IBUKA (souviens-toi en Kinyarwanda), la plus grande organisation des rescapés du génocide au Rwanda. Il s’est adressé à environ 4000 survivants à la fin de la manifestation annuelle en souvenir des événements de l’ETO.
«L’ONU a abandonné les Rwandais au moment où elle devait nous secourir. Cela est en contradiction avec les idéaux pour lesquels elle a été créée», a affirmé Ngarambe devant une foule de personnes en deuil rassemblés autour d’un cimetière situé sur une colline surplombant Kigali, où la plupart des victimes de l’ETO ont été inhumées.
Le 11 avril 1994, un contingent de casques bleus belges s’est retiré de l’ETO après l’assassinat de dix de leurs collègues au camp militaire de Kigali par des soldats rwandais.
Selon des témoins, soldats et miliciens ont alors pris d’assaut cet établissement, après le départ des troupes des Nations Unies, forçant les réfugiés à se diriger sur une colline voisine avant de les tuer.
Un étudiant de l’université qui a perdu ses parents et ses frères lors de l’attaque a comparé le massacre de l’ETO à celui de Srebenica (ex-Yougoslavie) en 1995, où environ 7000 musulmans ont été tués après le retrait des forces des Nations unies.
“L’ETO est le Srebenica du Rwanda”, a estimé Aimable Kayiranga. «C’est une leçon pour nous de ne plus compter sur la soi-disant communauté internationale», a-t-il ajouté.
Le personnel médical aidait à évacuer ceux qui tombaient en syncope, traumatisés par les récits des rescapés.
Le récent film anglais sur le génocide Shooting Dogs se base sur les événements de l’ETO.
D’après le décompte du gouvernement rwandais, près d’un million de personnes, essentiellement issue de la minorité tutsie, ont trouvé la mort durant le génocide de 1994.