L’organisation de défense des droits de l’homme basée à Londres, African Rights, a publié jeudi, la veille du douzième anniversaire du génocide rwandais, un rapport soulignant la détresse de ses orphelins.
Selon l’organisation, les enfants survivants ont dû supporter l’héritage des blessures physiques et de l’angoisse sans bénéficier du moindre soutien d’un organisme social.
L’organisation rappelle que les signes de traumatisme étaient les plus évidents parmi les très jeunes au cours des deux ou trois années qui ont suivi le génocide et que maintenant ces traumatismes sont particulièrement marqués dans les écoles secondaires. La plupart de ces enfants ont perdu tous leurs proches.
«J’étais le seul survivant de la famille, j’étais très jeune; j’ai dû quitter l’école, pas parce que je ne comprenais pas mais en raison de troubles psychologiques, j’ai du mal à me rappeler des choses après le génocide» dit Vestine Umugwaneza qui avait alors 11 ans.
Charlotte Ingabire, qui avait 15 ans, ne voit pas l’intérêt de vivre sans les membres de sa famille qui ont été tués devant elle. «Je suis morte même si les autres me voient vivante, c’est comme si je devais souffrir seule, sans consolation et personne sur qui m’appuyer dans les conditions difficiles dans lesquelles je me trouve» dit elle.
Devota a été enfermée par un homme et violée pendant deux mois. Son tortionnaire s’est enfui au Zaïre la laissant entre les mains de garçons de la rue à Gikongoro (sud), qui ont aussi abusé d’elle.
Peu de gens ont été sauvés du génocide de 1994 et au cours des années suivantes rares sont ceux qui ont été aidés, estime African Rights.
«Dans leur désolation et leur désespoir, ces jeunes se répondent. Leurs mots qui témoignent de tragédies personnelles sont une accusation collective pour ceux qui ont perpétré le génocide de 1994. Mais ils sont aussi la preuve d’une inacceptable négligence de la part des acteurs nationaux et internationaux depuis les 12 dernières années» écrit African Rights.