Cartes d'Identité

LES CARTES D'IDENTITE ETAIENT DES CERTIFICATS DE MORT DURANT LE GENOCIDE, SELON UN EXPERT

Arusha, le 1er mars 2006 (FH) – L’activiste américaine des droits de l’homme Alison Des Forges a affirmé mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que les cartes d’identité portant la mention « Tutsi » étaient synonymes d’un certificat de mort durant le génocide de 1994.

Témoin expert du procureur, Des Forges dépose dans le procès de Protais Zigiranyirazo, beau frère de l’ancien président Juvénal Habyarimana qui a dirigé la région de Ruhengeri (nord du Rwanda) pendant plus de dix ans. Me John Philpot a tenté vainement de s'opposer à ce témoignage qualifiant Alison Des Forges de "partiale".

Elle a expliqué que les cartes d’identité avaient été introduites au Rwanda dans les années 1920 par la puissance coloniale comme un moyen de catégorisation de la population. Durant cette période, les Tutsis étaient identifiés et recevaient un traitement de faveur de la part des administrateurs coloniaux, a-t-elle dit.

“Durant la période coloniale, la carte d’identité était devenue un passeport pour le succès en faveur des Tutsis, mais durant le génocide elle était devenue leur certificat de mort », a déclaré l’expert.

Le procureur du TPIR soutient que dans les heures qui ont suivi l’assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, des extrémistes hutus appuyés par l’armée et les miliciens ont érigé des barrages routiers à travers tout le pays.

Ces barrières ont été utilisées pour sélectionner des membres de la population tutsie. Tout ceux qui étaint étaient identifiés comme tutsi étaient arrêtés et tués, selon l’accusation.

Selon un décompte du gouvernement rwandais, près d’un million de Tutsis et de Hutus modérés ont trouvé la mort entre avril et juillet 1994.

Le parquet soutient également que des personnes proches de la famille présidentielle connue sous l’appellation « Akazu » (petite maison en Kinyarwanda) ont planifié, incité et supervisé les massacres de Tutsis. Selon le procureur, Protais Zigiranyirazo, surnommé ‘Mr Z’ aurait été l’un des membres les plus influents de ce cercle.

Alison Des Forges est la conseillère principale pour le division Afrique de l’organisation internationale pour la défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HRW), dont le siège se trouve à New York. Elle est l’un des meilleurs connaisseurs de la région des Grands Lacs africains.

Elle comparaît pour la neuvième fois comme témoin expert du procureur au TPIR. Sa déposition se poursuivra jeudi.