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 Commission Nationale Rwandaise

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MessageSujet: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeJeu 14 Déc - 9:08

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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeJeu 14 Déc - 16:29

Génocide rwandais: nouvelles accusations de viol contre soldats français
AFP 14.12.06 (Le Monde)

La commission d'enquête rwandaise sur le rôle de la France au Rwanda au moment du génocide de 1994 a auditionné jeudi à Kigali des témoins qui ont réitéré les accusations de viols commis, selon eux, par des militaires français présents à cette époque dans le pays.

Une femme tutsie a affirmé devant la commission qu'elle avait été livrée, à l'âge de 14 ans, par des extrémistes hutus auteurs des massacres à un soldat français qui l'avait violée, près du camp de réfugiés de Nyarushishi, dans le sud-ouest du Rwanda.

Masquée derrière un paravent pour protéger son anonymat, le témoin a détaillé les sévices, provoquant un malaise d'un membre de la commission qui a interrompu un temps ses travaux.

Le second témoin, âgée de 12 ans en 1994, a elle aussi dit avoir été livrée par des extrémistes hutus aux soldats français qui l'ont violée. "Ils m'ont détruite", a-t-elle déclaré en sanglots, ajoutant: "Ils m'ont tuée. Je pensais que les hommes blancs venaient me sauver".

Un troisième témoin, à l'époque soldat de l'armée rwandaise soutenue par la France, a affirmé avoir amené, en échange de nourriture, de jeunes filles tutsies à des militaires français.

"Une fois, ils ont refusé de nous payer, moi et mes amis, pour la fille que nous leur avions amenée. Nous avons menacé de la tuer. Ils nous ont dit d'y aller. Nous l'avons fait devant eux", a affirmé cet ancien militaire.

Mercredi, deux témoins avaient déjà accusé devant la commission des soldats français d'avoir commis des viols collectifs de femmes tutsies.

Cette commission est "chargée de rassembler les preuves de l'implication de la France dans le génocide", qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés.

La France est régulièrement accusée par l'actuel gouvernement rwandais, dirigé par les Tutsis, d'avoir entraîné et armé les auteurs du génocide avant les massacres. Paris a toujours démenti toute implication.

Kigali a rompu ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge français Jean-Louis Bruguière a recommandé de poursuivre le président rwandais Paul Kagame pour sa "participation présumée" à l'attentat contre l'avion de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, qui a précédé le déclenchement du génocide.
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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeJeu 14 Déc - 18:09

PARIS (Reuters) - Paris a rejeté jeudi les accusations de viol formulées par deux Rwandaises contre les militaires de l'opération "Turquoise", affirmant qu'elles faisaient partie d'une campagne anti-française menée par Kigali.

"Ce sont des accusations qui sont portées sans l'ombre d'une preuve dans un objectif purement politique", a déclaré Jean-François Bureau, porte-parole du ministère de la Défense.

"Cette démarche, qui n'a aucun rapport avec la recherche de la vérité, ne peut que susciter un commentaire : c'est l'indignation", a-t-il ajouté.

Deux Rwandaises de l'ethnie tutsie venues se mettre sous la protection de l'armée française pendant le génocide de 1994 ont accusé mercredi des militaires français de l'opération "Turquoise" de les avoir violées sous les yeux de leurs compagnons d'armes impassibles.

Les deux femmes, désignées pour des raisons de sécurité sous le nom de "Témoin 2" et "Témoin 3", ont raconté leurs mésaventures devant la commission mise en place par le gouvernement de Kigali pour examiner le rôle joué par la France.

"Je ne suis pas sûr que ce soit une commission qui ait pour véritable finalité de rechercher la vérité", a estimé Jean-François Bureau.

"Son intitulé lui-même laisse penser qu'elle est destinée à identifier des supposés crimes de complicité de génocide de l'armée française", a-t-il ajouté.

Mardi, un premier témoin avait déjà affirmé que des soldats français de l'opération "Turquoise" avaient violé des femmes qui fuyaient des bandes de miliciens durant le génocide anti-tutsi du printemps de 1994, qui a fait environ 800.000 morts dans la minorité tutsie et chez des Hutus modérés.
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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeVen 15 Déc - 20:38

Rwanda: des temoignages accablants pour la France
(Congo Tribune 15/12/2006)

Depuis la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, décidée à Kigali à la suite de la publication du rapport du juge Bruguière incriminant Paul Kagame et les siens, c’est la Belgique qui gère les intérêts français au Rwanda. Le service est minimum : délivrance de visas, surveillance des locaux de l’ambassade et du centre culturel… Bien avant l’ « affaire », les Français avaient vendu le mobilier de leur représentation diplomatique et mis en suspens leurs timides projets de coopération (2 millions d’euros) comme s’ils s’attendaient au choc frontal. Du côté rwandais, la bourgeoisie francophone de Kigali déplore la fermeture de l’Ecole française de Kigali, mais les regrets s’arrêtent là.

En ces heures de crise, où le David des Mille collines a osé défier un Goliath, membre du Conseil de Sécurité, tout le monde, en apparence en tous cas, serre les rangs. C’est que la liste des griefs du Rwanda à l’égard de la France est longue :pas de demande de pardon pour le comportement de la France avant et durant le génocide, une coopération ramenée au niveau zero, plusieurs tentatives de blocages de l’aide internationale et une fin de non recevoir opposée depuis douze ans à toutes les tentatives de rapprochement, à toutes les médiations encouragées par Kigali, qu’elles aient été suggérées par plusieurs présidents africains ou par des alliés européens comme la Belgique…A tel point que les autorités rwandaises, considérant que le mandat d’arrêt du juge Bruguière est une attaque frontale visant à déstabiliser le régime, estiment n’avoir plus rien à perdre et passent à l’offensive.

Et de quelle façon : cette semaine se déroulent les auditions publiques de la « Commission d’enquête indépendante consacrée à l’implication de la France dans le génocide. » Une appellation qui peut surprendre, car elle ne laisse aucune place au doute, à d’éventuels plaidoyers à décharge… Mais alors que les témoins défilent, soigneusement interrogés par les six membres de la commission sous la présidence de l’ancien Ministre de la Justice Jean de Dieu Mucyo, tant de détails s’accumulent, confirmant des faits déjà connus, corroborant et recoupant mille récits tenus par les victimes, que le doute s’évapore. Car ceux qui témoignent ici sont des anciens miliciens Interhahamwe, revenus du Congo après des années d’exil et de combats. Ces hommes en tenue de sport, qui ne communiquent pas leur nom en public et s’expriment sobrement, sont les véritables auteurs du génocide. Tous appartenaient au groupe d’élite, « Turihose », « nous sommes partout ».

En 1990, ils étaient de simples paysans. En 1993, ils ont été recrutés dans tout le pays et formés avec méthode. Chemise à fleurs, voix posée, le « témoin numéro un » a été entraîné au camp de Mukamira près de Gisenyi. La vie était dure : lever à 5 heures, deux heures de cross, suivies d’entraînement divers, comme le maniement des Kalachnikov, mais surtout le « combat sans armes » C’est à dire la lutte à mains nues, à l’arme blanche « nous apprenions à tuer, avec nos mains seulement… » En fin d’après midi, après le repas et le football, venait la leçon d’histoire. Facile à retenir : « les Tutsis sont les ennemis héréditaires des Hutus, ils veulent pour revenir et diriger le pays. Comme ils sont rusés, -de vrais serpents-, la vigilance s’impose. Les infiltrés doivent être démasqués et abattus sans pitié… Ces infiltrés sont des soldats du FPR, mais aussi des Tutsis vivant au Rwanda, vos voisins et peut-être ici même, certains de vos collègues… »Bref, dotés d’une carte de membre du parti d’Habyarimana, ces miliciens avaient appris, dès 1993, à débusquer l’ « ennemi intérieur ».

Les professeurs d’histoire étaient des militaires, mais, assure le témoin, « les Français n’étaient pas loin : le sergent rwandais prenait ses ordres chez eux, ils avaient un petit bureau dans le camp même. Et le week end, on les retrouvait au bar de l’hôtel Tam Tam à Gisenyi. »

Voilà pour la formation pratique et idéologique. Le témoin numero deux, en survêtement blanc, appartenait au « Bataillon Zoulou » une troupe d’élite.

« Dès 1993, des instructeurs français du DAMI (département d’assistance militaire à l’étranger) nous ont appris à manier des mortiers. Nous disposions de canons 105. Nous, nous tirions, mais eux, ils faisaient tous les réglages, car il s’agissait d’armes perfectionnées. Ils sont restés avec nous durant toute la guerre et en mai, alors que nous manquions de munitions, nous sommes allés en décharger à Goma, où un avion venait d’arriver de France. Nous avons chargé les munitions dans les camions du commerçant Félicien Kabuga, puis nous sommes rentrés à Gisenyi et avons commencé à distribuer des grenades aux civils. »

Le témoin numero 3, voix monocorde, se souvient du siège de Bisesero, la colline où les Tutsis survivants avaient résisté jusqu’en juin, alors que se déroulait l’Opération Turquoise. Notre homme se souvient avoir bien accueilli ses frères d’armes : « ils se sont installés dans le camp de la gendarmerie et se sont fâchés lorsque nous avons ramené le corps d’un de nos hommes que les Tutsis de Bisesero avaient réussi à tuer. Ils nous ont aidé à rassembler nos forces. Les gens sont alors venus de partout pour l’assaut, et les Français nous ont donné des armes. Ensuite, tous ensemble, nous sommes partis au Congo. »

Dans de longs récits détaillés, à la rwandaise, les témoins suivants racontent leur exil au Kivu, les entraînements qui reprennent dans les camps de réfugiés, à Mugunga entre autres, où les Français continuent à dispenser des formations et à renforcer la volonté de revanche, puis la première guerre et la fuite vers Tingi Tingi, sur la route de Kisangani « là aussi les Français nous ont aidés : ils nous ont livré des armes dans un avion aux couleurs de l’Unicef … » Attendus plus tard dans la semaine, d’autres témoins diront comment des civils ont été largués au dessus de la forêt de Nyungwe, des femmes raconteront comment leurs « sauveurs » venus de France les livraient à leurs domestiques ou se servaient eux-mêmes…

La semaine prochaine, la commission d’enquête se déplacera sur le terrain, puis elle publiera son rapport. « Tout le monde comprendra alors pourquoi nous avons rompu avec la France », conclut son président, Jean de Dieu Mucyo…

Par Carnet de Colette Braeckman

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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeSam 16 Déc - 7:48

Une « commission d'enquête » rwandaise instruit à charge contre l'armée française.

BELGE, Michel Campion a 58 ans, dont près d'un demi-siècle de présence au Rwanda. Avant le génocide de 1994, il tenait l'hôtel Ibis de Butaré. Entendu par la commission d'enquête mise sur pied par Kigali afin de « rassembler les preuves de l'implication de l'État français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 », il témoigne, dans son récit, d'une proximité entre des soldats français venus instruire les anciennes forces armées rwandaises (FAR) et leurs élèves qui, plus tard, seront impliqués dans le génocide.

Son récit commence en 1992, lorsque Paris met en place un programme de formation et de soutien à une armée rwandaise (FAR) en mauvaise posture face aux rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé. « La coopération militaire française était très active à l'école des sous-officiers de Butaré, se souvient Michel Campion. Il y avait en permanence de 100 à 120 soldats français. Chaque contingent restait une quinzaine de jours. »

Un jour, une bagarre éclate entre les soldats français et les étudiants tutsis de Butaré. « Les étudiants, se souvient Michel Campion, avaient donné un surnom aux soldats français. Ils les appelaient « les Interahamwé (des milices, NDLR) de Mitterrand ». Mon hôtel a été ravagé. Pendant la bagarre, j'ai entendu un militaire français lancer :»Enfin, on va se faire du Tutsi.* » Les dégâts m'ont été remboursés mais les soldats français ne sont plus venus manger. »

L'aubergiste se souvient avoir été arrêté un jour, à l'entrée de Kigali, par un barrage tenu par des soldats français et des gendarmes rwandais.

Massacres de Tutsis

« Je venais de prendre en stop un Tutsi. Nous avons été arrêtés à un check point. Le militaire français a demandé à mon passager sa carte d'identité. Il a vu la mention Tutsi et lui a dit :»Toi, sors de la voiture et va t'asseoir avec tes frères.* » Une douzaine de personnes étaient assises sur le bas-côté ». Le Belge peste : « Vous vous croyez où ici ? En département d'outremer ? » Le soldat français part chercher un sous-lieutenant qui autorise Campion, finalement, à partir avec son passager.

Le témoignage de Michel Campion n'est pas unique. Un ancien bourgmestre de la ville de Gikongoro raconte, longuement, l'étonnante proximité entre les militaires français et ceux qui, plus tard, seront accusés de génocide. Ou encore, un ancien soldat des Forces gouvernementales (Far) fait part de son expérience lors des combats de Byumba en 1992 en compagnie de soldats français. Pour autant, de nombreux témoignages recueillis par cette commission à l'intitulé douteux apparaissent, pour le moins, faibles.

Visée directement, la France a réagi avec vigueur. D'autant que des témoins entendus ces derniers jours par la commission ont accusé des soldats français de s'être livrés à des viols collectifs ou d'avoir assisté sans réagir à des massacres de Tutsis. La démarche de la commission rwandaise, « qui n'a aucun rapport avec la recherche de la vérité, ne peut susciter qu'un commentaire, c'est l'indignation », a déclaré avant-hier le porte-parole du ministère de la Défense à Paris.
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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeJeu 21 Déc - 12:24

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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeJeu 21 Déc - 13:40

Date: 19-décembre 2006

Rwanda News Agency

La Commission Indépendante chargée d’enquêter sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda a entendu 6 témoins au cours de cette cinquième journée d’audition.

Témoin n° 24 : Anonyme

Identification : Originaire de Butare ; simple paysan ; devenu Interahamwe durant le génocide ; aujourd’hui détenu à la prison de Karubanda (Butare).

Eléments essentiels de son témoignage :

1. Les Français ont supervisé la formation des Interahamwe au début du génocide à Kabutare, et les ont encouragé à pourchasser les Tutsi qu’ils appelaient « les Inkotanyi. »

2. Les Français ont encouragé la population de Butare à fuir en leur disant que les soldats du FPR allaient les tuer.

3. Les Français torturaient et larguaient des gens à partir de leurs hélicoptères à Gikongoro. Le témoin déclare avoir été victime de ces actes à Murambi avec 2 collègues ; et avoir vu 8 personnes ligotées dans les mêmes conditions à Kibeho.

Témoin n° 25 : Anonyme

Identification : Agé de 16 ans au moment du génocide ; originaire de Kibuye.

Eléments essentiels de son témoignage :

1. A Rubengera (Kibuye), les soldats français violaient des filles parmi les déplacés. Le témoin affirme avoir fait le proxénète en fournissant des filles aux français en contrepartie des biscuits et boites de conserve (beefs).

2. Dans le même camp de Rubengera, les soldats Français ont ordonné d’identifier les Tutsi en les appelant Inkotanyi. « Ce sont eux qui provoquent la guerre et l’exil », disaient les Français qui annonçaient également qu’ils venaient secourir les Hutu. Le témoin dit avoir vu un groupe de 12 Tutsi sélectionnés du camp dans ces conditions, et il ne sait pas ce qui leur est advenu.

Témoin n°26 : Anonyme

Identification : Enseignant du primaire à Gishyita ; devenu un Interahamwe de grand renom ; a servi d’interprète au premier convoi des soldats français de l’opération Turquoise à Bisesero autour du 27/06/1994.

Elément essentiels de son témoignage :

1. Les soldats français de l’opération turquoise n’ont pas voulu secourir les Tutsi de Bisesero.

2. Les soldats français voyaient les Interahamwe tuer les Tutsi et ils ont laissé faire.

3. Les soldats français ont battu un Tutsi à mort sur une barrière de contrôle d’identité à Cyangugu.

Témoin n° 27 : Anonyme

Identification : Originaire de Bisesero (Kibuye) ; enseignant du primaire avant le génocide ; c’est lui qui a parlé au premier convoi des soldats de Turquoise qui ont visité Bisesero autour du 27 juin 1994.

Eléments essentiels de son témoignage :

1. Les soldats Français de l’opération Turquoise ont refusé de protéger les Basesero lors de leur première visite. Ils les ont par contre exposés à une plus grande cruauté des tueurs qui ont intensifié leurs attaques durant les trois jours qui ont suivi.

2. L’opération Turquoise était tout sauf humanitaire, surtout pas pour les Tutsi. . « Quand ils sont revenus pour la deuxième fois le 30/06/1994, ils n’avaient ni la logistique ni le personnel d’une opération humanitaire : ce sont les jeunes rescapés susceptibles de recevoir des instructions en français qui ont administré les soins aux blessés (nettoyer et panser les plaies, etc...). Je n’ai pas vu un seul médecin français s’occuper directement des malades. » . « Pour les blessés graves évacués à Goma, j’ai appris plus tard que les français recouraient à l’amputation des membres pour la moindre blessure. Une plaie au bras ou à la jambe, et ils vous amputaient le membre. Je connais un auquel on allait amputer la jambe et qui s’est sauvé. Aujourd’hui c’est un surveillant de prison valide, qui a fait beaucoup d’exercices physiques dans la suite. Un autre avait perdu deux doigts à la suite d’un coup de balle. Ils lui ont coupé la main. »

3. Les soldats français ont soumis les blessés graves Tutsi Basesero évacués à Goma, à des traitements dégradants. « Ceux qu’ils ont évacué vers Goma, ils les ont installés indistinctement dans une grosse tente à l’aéroport de Goma : hommes, femmes, vieilles, enfants, ... . Ils leur ont enlevé les guenilles qui leur restaient et les ont laissé complètement nus. »

4. Les soldats français ont coupé les vivres aux survivants de Bisesero pour la simple raison que ces derniers avaient choisi de rejoindre la zone gouvernementale sous le contrôle du FPR. « Nous sommes restés ensemble pendant un mois. Un jour, le chef des soldats français me demande : voulez-vous rester avec nous ou rejoindre la zone gouvernementale ? Lorsque, après concertation avec les autres survivants, j’ai répondu que nous allions dans la zone gouvernementale, ils nous ont coupé les vivres. Le déplacement des survivants vers la zone sous contrôle de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) a duré une semaine et pendant tout ce temps, nous n’avons plus reçu ni nourriture, ni eau de la part des Français. Ceux qui, tenaillés par la faim, allaient chercher des vivres dans leurs anciennes habitations étaient tués par les Interahamwe. »

Témoin n° 28 : Anonyme

Identification : Originaire de Gishyita (Kibuye) ; marié, père de cinq enfants et tuteur de quatre orphelins ; il était un commerçant moyen au moment du génocide.

Eléments essentiels de son témoignage :

Les soldats français n’étaient pas venu secourir ceux qu étaient exterminés dans le génocide. Le témoin, qui avait une relation de parenté proche avec le bourgmestre de Gishyita (Sikubwabo Charles) et habitait le centre de Gishyita a eu le loisir d’observer l’attitude des soldats français. Ces derniers avaient trois positions à Gishyita où ils sont restés une semaine avant de se résoudre à apporter secours aux derniers survivants de Bisesero. Pendant tous ces jours, les soldats français côtoyaient les tueurs qui montaient à Bisesero tuer des Tutsi et redescendaient. Selon le témoin, les Français étaient parfaitement au courant des massacres contre les Tutsi de Bisesero qui était tout proche de Gishyita. « Ils entendaient parfaitement le crépitement des armes. Ils avaient des jumelles. Ils avaient des hélicoptères. Au moins une fois par jour, leurs hélicoptères patrouillaient au-dessus de Bisesero, Gisovu, Karongi, etc... . »

Le témoin avait caché des blessé Tutsi. Déçu par l’attitude des Français, il n’a pas songé un seul instant à leur confier ces quatre survivants qui pourtant représentaient un poids réel pour lui. « Les Français n’étaient pas venus sauver ceux qu’on tuait. Si c’était le cas, je leur aurais confié ceux que je cachais, parce qu’ils étaient un poids qui me pesait lourdement. Je voyais les tueurs passer à côté d’eux tous les jours, et les Français ne faisaient rien. J’ai compris qu’ils ne pouvaient pas être utiles. »

Témoin n° 29 : Anonyme

Identification : Ancien agent du Ministère de l’Education ; originaire de Mubuga ; arrêté en 1995 et actuellement en prison.

Eléments essentiels de son témoignage :

Le témoin était très proche des sœurs de Sainte Marie établies à Mubuga, et de ce fait il a pu entrer facilement (sur recommandation) en contact avec les soldats de l’opération Turquoise qui selon lui sont devenus de grands amis. Son témoignage est à ce titre un des rares à menager les Français :

1. Les soldats Français ont mis de longs délais à intervenir pour sauver les gens à Bisesero. Ils sont arrivés, selon le témoin, le 21 ou le 22 juin 1994, et ils ne sont intervenus à Bisesero que le 30 juin 1994.

2. Les soldats français ont pu secourir des gens. Le témoin cite le cas de deux filles qu’il avait cachées et que les Français ont évacuées, de même que les derniers survivants de Bisesero. Il ajoute que si les Français n’ont pas été suffisamment efficaces, c’est en raison de l’absence de l’administration. « Par rapport à leur mission humanitaire, il y a des choses que les Français réalisaient, et d’autres qu’ils ne parvenaient pas à réaliser. Ils ont par exemple évacué les deux enfants qui étaient chez moi, et il me revient qu’il y en a qu’ils ont sauvé de Bisesero. Il faut dire aussi qu’il n’y avait plus d’autorité. Les gens pouvaient être agressés, et tués, sans moyen de faire le moindre recours. »
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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeJeu 21 Déc - 13:41

Date: 19-décembre 2006

Agence Rwandaise d’Information

Plus de deux cent rescapés furent évacués au début du génocide par les soldats belges de l’opération « Silverback » après avoir été refoulés par des soldats français de l’opération « Amaryllis » basés à l’aéroport international de Kigali, a établi l’Agence Rwandaise d’Information (ARI).

Le but de l’opération « Silverback » était l’évacuation des ressortissants belges et d’autres expatriés tandis que l’opération « Amaryllis » fut décrétée par Paris pour évacuer les derniers ressortissants français au début du génocide.

Jean Loup Denblyden de l’opération « Silverback », l’officier chargé de liaison avec l’opération « Amaryllis », a été entendu ce lundi par la Commission rwandaise qui enquête sur le rôle présumé de la France dans le génocide.

Jean Loup Denblyden est arrivé à Kigali le 10 avril 1994, trois jours après le début du génocide. Il a dit aux sept membres de la Commission que l’aéroport de Kigali était subdivisé en deux zones, la partie belge et la partie française. Il affirme avoir vu les soldats français refouler les rescapés vers la barrière tenue par les FAR- fer de lance du génocide- à l’entrée de l’aéroport.

« Les personnes refoulées venaient d’échapper aux massacres dans la ville de Kigali. Elles nous disaient leur peur de se rendre à cette barrière tenue par les FAR. Elles étaient dans une grande panique. C’est ainsi que nous avons décidé de les mettre dans la zone belge avant de les évacuer vers Nairobi », a indiqué Jean Loup Denblyden.

A la question de savoir s’il y avait des gens tués à cette barrière tenue par les FAR, Jean Loup Denblyden dit avoir aperçu des personnes couchées à côté des FAR quand il était monté au balcon de l’aéroport. Il ajoute cependant qu’il ne sait pas s’il s’agissait des cadavres ou pas.

Jean Loup Denblyden se souvient de la colère d’un soldat français chargé de trier les Rwandais. Ce soldat français de l’opération « Amarillys » avait une liste, preuve que les noms des Rwandais à évacuer étaient connus d’avance.

« Ça ne va pas, m’avait dit ce soldat français. Il était fâché de constater qu’il est obligé de refouler certaines personnes. Lui connaissait probablement ce qui se passait à cette barrière », a indiqué Jean Loup Denblyden devant la Commission rwandaise.

Ce soldat français a sollicité l’intervention de Jean Loup Denblyden auprès de sa hiérarchie pour que toutes les personnes menacées soient évacuées. Jean Loup Denblyden s’était alors adressé au Colonel Poncet, chef de l’opération « Amaryllis » au Rwanda.

« Ne te mêle pas dans une affaire française », avait rétorqué le Colonel Poncet. Jean Loup Denblyden estime entre deux cents et trois cents le nombre de rescapés qui ont eu la vie sauve grâce à l’opération belge « Silverback » après avoir été refoulés par les soldats français.

Débutée deux jours après « Amaryllis », l’opération belge « Silverback » a duré quatre jours. L’on ne sait pas le nombre de rescapés refoulés par les soldats français vers la barrière tenue par les FAR avant le début de l’opération belge « Silverback.

Actuellement, Jean Loup Denblyden est « Senior Staff Engineer » au sein de « European Organisation for Nuclear Research » à Genève (Suisse). C’est le dernier témoin à être entendu par la Commission rwandaise dans le cadre de la deuxième phase de ses auditions publiques portant sur les témoins de fait.
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MessageSujet: Re: Commission Nationale Rwandaise   Commission Nationale Rwandaise Icon_minitimeVen 22 Déc - 13:20

Rwanda-France: Génocide
(Congo Tribune 22/12/2006)

La Commission Mucyo dispose des preuves permettant de déférer de hauts responsables français devant la justice internationale.(Interview réalisée conjointement par ARI et la MEtula News Agency (Ména)). Du 11 au 19 décembre 2006, la commission rwandaise chargée d'enquêter sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda a entendu 35 témoins au cours de sa deuxième phase d'auditions publiques, et effectué une visite de terrain dans l'ancienne préfecture de Kibuye, notamment à Gishyita et Bisesero, sur les traces de l'opération Turquoise.

Au terme de cette phase importante du travail de ladite commission, son président, Jean De Dieu Mucyo, ancien ministre de la Justice, a accordé une interview exclusive à deux agences partenaires qui ont suivi de bout en bout son travail. Il s'agit de l'agence Ména (MEtula News Agency), et de l'agence ARI-RNA (Agence Rwandaise d'Information/Rwanda News Agency). Lisez.


ARI : Qu'en est-il de la consistance des témoignages en comparaison avec ceux de la première phase ?


Jean de Dieu Mucyo: La précédente concernait les témoins de contexte qui parlaient d'une façon plus générale. La présente phase nous a permis de connaître ce qui s'est réellement passé sur le terrain. Cela nous permet d'avoir une vue globale, ainsi que de confronter ces déclarations avec ce qu'on a vu réellement sur terrain.


ARI: Quelle est maintenant la prochaine étape ?


Jean de Dieu Mucyo: On va rédiger, mais aussi continuer à auditionner des témoins, même si ceci n'est pas rendu public. De nombreuses personnes nous contactent. Aujourd'hui par exemple des personnes sont ici que je vais entendre après notre entrevue. Au niveau des archives, le travail continue également. Peut-être devra-t-on ouvrir une nouvelle séance d'auditions publiques.


La Ména: Vous n'êtes pas encore en mesure de savoir si de nouvelles auditions publiques vont avoir lieu ?


Jean de Dieu Mucyo: Non, pas encore. Nous sommes actuellement en contact avec des gens, surtout des étrangers.

ARI: Etant donné que la Commission que vous dirigez ne concerne que le rôle de la France dans le génocide, on peut considérer son rapport comme un chapitre relatif à l'ensemble du génocide. N'y aurait-il pas lieu de demander que votre mandat soit étendu à l'ensemble du génocide et pas seulement au rôle que la France y a eu ?


Jean de Dieu Mucyo: Non, vous savez, la loi, ainsi que le prévoient les articles 4 et 5, concerne le rôle de la France dans le génocide, avant, pendant et après. Donc je pense qu'il faut d'abord qu'on termine notre travail.


ARI: Nous ne vous demandons pas de changer aujourd'hui le mandat de votre Commission. C'est une suggestion relative aux recommandations de votre rapport. C'est quelque chose que les gens réclament. Ils disent que beaucoup de pays comme la France, la Belgique, mais aussi des organisations internationales comme les Nations Unies ou l'Union africaine ont déjà réalisé leur rapport sur le génocide. Or le Rwanda n'a pas encore fait ce travail. On apprécie qu'un travail soit fait sur le rôle de la France. Mais c'est un chapitre. Ne pourrait-on pas recommander que le Rwanda fasse un travail global ?


Jean de Dieu Mucyo: Oui, pour moi ce serait très intéressant. Parce que si on connaît déjà la vérité sur ce qui a été fait par la France, il est également de l'intérêt de tout Rwandais, et plus largement de toute personne éprise de vérité, de savoir ce qui s'est globalement passé.


ARI: Vous sentez que vous pouvez suggérer cela dans les conclusions de votre rapport ?


Jean de Dieu Mucyo: Oui, on va examiner cela au niveau de la Commission. Pour moi c'est très important


La Ména: une question sur la méthodologie de la Commission. A de nombreuses reprises, j'ai remarqué que vous repreniez les témoins en leur demandant d'être plus précis. Ou bien vous releviez des contradictions et demandiez de les réécouter à nouveau pour en juger. J'ai l'impression qu'il y avait au départ de cette Commission une méthodologie très précise pour apporter des preuves. Pouvez-vous nous décrire la façon dont cette méthodologie a été pensée au préalable ?


Jean de Dieu Mucyo: Vous savez, j'ai travaillé dans le domaine de la justice depuis longtemps. Avant j'étais directeur de la police, puis ministre de la Justice puis procureur général. Au niveau des Gacacas également, il y a des gens qui parlent. Après douze ans quelques fois, ce qu'ils ont écouté, ils disent qu'ils l'ont vu. C'est la raison pour laquelle je disais toujours, au cours des auditions de la Commission, qu'il fallait être très précis: « Qu'est-ce que vous avez vu, qu'est-ce que vous avez appris ? Si vous avez appris quelque chose, qui vous a dit ça ? » C'est pour arriver à ce témoignage que je qualifierais de primaire. Pour connaître la vérité, il faut parvenir au témoin qui a vu et puis après, si possible, confronter ses déclarations avec celles d'autres témoins. L'essentiel, c'est pour nous la vérité.


La Ména: Quelle est la suite juridique que vous comptez donner à cette Commission ? On a eu quelques échos contradictoires dans la presse selon laquelle certains politiques ou responsables français haut placés pourraient être déférés devant une cour de justice internationale. Est-ce que c'est ce que vous envisagez éventuellement si vous en avez les moyens ? Y aura-t-il une suite juridique à cette affaire ?


Jean de Dieu Mucyo: Selon la loi organique qui met en place la Commission, nous établissons la vérité et puis nous donnons le rapport à son excellence le président de la république, avec copie au sénat, à la chambre des députés, au gouvernement et à la Cour Suprême. Ce avec des recommandations. C'est ensuite à eux de voir.


La Ména: Je vais poser la question autrement. Sans parler de la décision qui sera prise par les autorités rwandaises, je fais appel à votre compétence dans le domaine juridique: est-ce que certaines preuves sont susceptibles de permettre de déférer de hauts responsables français devant une Cour de justice internationale ?


Jean de Dieu Mucyo: Oui, oui. Il y a plusieurs preuves.


La Ména: D'accord. C'est-à-dire qu'aujourd'hui déjà, sachant qu'il reste encore à la Commission le travail consistant à poursuivre l'analyse de toutes ces auditions, vous savez que juridiquement c'est tout à fait possible. Est-ce ce que vous êtes en train de dire ?


Jean de Dieu Mucyo: Moi je dis que c'est possible, mais la décision sera prise par les autorités concernées.


ARI: Pourquoi, pour la descente sur le terrain, vous avez choisi Bisesero, étant donné que les témoignages ont aussi évoqué Murambi et d'autres endroits à Gikongoro et Cyangugu?


Jean de Dieu Mucyo: Vous savez, on a commencé par Bisesero parce que beaucoup de gens y ont été tués. Ailleurs aussi ça a été la même chose. Mais à Bisesero, les Français sont arrivés là, ils ont vu, ils suivaient tout ce qui s'y passait, ils avaient des hélicoptères, .... On a voulu confronter ce qui avait été dit avec la réalité sur le terrain.


ARI: Selon certains articles de la presse française, la commission a déclenché la deuxième phase des auditions après la publication de l'ordonnance du juge Bruguière. Cela suggère un peu que vous avez fait cela en réaction. Que répondez-vous à cela ?


Jean de Dieu Mucyo: Non, c'était programmé. Au début, lors de la première phase, on avait dit que la deuxième phase aurait lieu en novembre-décembre. Il n'y a donc aucun rapport avec la décision du juge Bruguière.


ARI: Votre travail n'est-il pas un peu noyé dans la polémique sur les relations franco-rwandaises qui a dominé l'actualité ?


Jean de Dieu Mucyo: Je crois qu'il s'agit là d'une stratégie des Français car on avait déjà terminé la première phase et annoncé la deuxième. Or c'est dans l'intervalle qu'il y a eu émission de ces mandats. Donc, ils savaient qu'on allait commencer la deuxième phase. Je crois qu'ils l'ont fait exprès.


La Ména : Je voudrais ouvrir une parenthèse quant à l'affaire Guy Theunis. Vous n'étiez pas concerné en tant que ministre de la Justice lorsqu'il y a eu le transfert du dossier de ce père blanc ?


Jean de Dieu Mucyo: Je me souviens. De ce temps, j'étais procureur général. Pour ce qui concerne les transferts c'est le ministère de la Justice.


La Ména: Toujours toutefois du point de vue de votre expérience. L'affaire Guy Theunis en deux mots, c'est un père blanc qui est traduit devant les Gacacas, et qui, après que le tribunal populaire ait décidé de le mettre dans la catégorie 1 des planificateurs du génocide, voit son dossier être transféré à la justice conventionnelle. Après des négociations entre la Belgique et le Rwanda, la Belgique obtient le transfert du prêtre vers Bruxelles, le juge de la haute cour rwandaise, Tharcisse Karugarama, ayant alors reçu l'assurance du parquet belge qu'il entamerait des poursuites contre Theunis. Et De Gucht, le ministre belge des Affaires Etrangères avait alors dit que cette décision était basée sur la confiance accordée par les autorités rwandaises à la justice belge. Or un an après, rien n'a été fait, à ma connaissance. Est-ce que vous avez le sentiment, et là je fais appel à votre expérience encore une fois, aussi bien d'ancien ministre de la Justice que de procureur général, qu'il y a eu là une certaine forme de trahison, ou bien est-ce normal ?


Jean de Dieu Mucyo: J'ai récemment eu une visite de l'ambassadeur de Belgique. Je lui ai demandé où on en était avec le dossier de Guy Theunis. Il m'a dit que le dossier était en cours.


La Ména: A l'époque, on parlait toutefois de trois à quatre semaines de délai.


Jean de Dieu Mucyo: Prenez les quatre individus qui ont été jugés en Belgique. Ils étaient venus enquêter en 1995. La décision a été prise vers 2000. Ca dure, ça dure. Mais pour moi l'essentiel, c'est que les choses continuent. J'ai posé cette question à l'ambassadeur de Belgique. Il m'a répondu que ce n'était pas clôturé.


ARI: Certains milieux de la diaspora rwandaise sont critiques par rapport au travail de la Commission. Ils disent que les témoins de la Commission sont payés ou qu'ils agissent sur intimidation ou sur pression (rire de Jean de Dieu Mucyo). D'abord quelle est votre réaction par rapport à ces allégations ? Et est-ce que les témoins viennent à la Commission de leur initiative ou bien sont-ils invités ? Et s'ils sont invités, quels sont vos critères ?


Jean de Dieu Mucyo: J'entendais quelqu'un qui disait qu'on avait donnait 3 millions à un témoin. Puis j'ai lu sur internet qu'il a dit ensuite qu'il s'était trompé et que c'était 300'000 francs. Il y a des gens qui critiquent toujours. Je ne veux donner aucune importance à ces déclarations. Nous avons plusieurs témoins dont certains veulent témoigner publiquement tandis que d'autres préfèrent témoigner à huis clos. Beaucoup de gens nous contactent. Il y a ceux qui ne peuvent même pas parler à cause des pleurs, ce qui prend des heures et des heures pour les écouter. Donc il faut faire un choix. (...) Certains témoins nous contactent aussi après avoir entendu, à la radio, les informations relatives à la Commission.


La Ména: De temps en temps, la Commission a demandé aux témoins s'ils sauraient notamment reconnaître le visage de militaires français présents pendant le génocide. Ils ont répondu affirmativement. Est-ce que s'il fallait poursuivre cette enquête, il serait nécessaire de faire une commission rogatoire afin de permettre de poursuivre l'enquête en France ?


Jean de Dieu Mucyo: Oui. Nous avons quelques photos de chefs. Pour les autres, vous avez remarqué qu'il est difficile d'avoir leur nom. (Les militaires français ne se faisaient souvent connaître que par des surnoms, ndlr). Ce serait très intéressant d'avoir les photos et les noms. Pour ce qui concerne toutefois les coopérants militaires français qui ont travaillé ici, nous avons leurs photos ainsi que leurs noms.


ARI: Après tout le travail que vous venez d'effectuer, quelle est l'évaluation préliminaire que vous pouvez faire quant à l'implication de la France dans le génocide ?


Jean de Dieu Mucyo: Il nous faut continuer à travailler. Vous avez vu qu'il faut aller sur le terrain, qu'il faut confronter les déclarations.


La Ména: La remise du rapport est toujours prévue pour le 6 avril ?


Jean de Dieu Mucyo: Oui c'est bien le 6 avril. Toutefois, la loi nous permet de repousser l'échéance.
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