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 Un 4 juillet à Kigali

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ibukafrance
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MessageSujet: Un 4 juillet à Kigali   Un 4 juillet à Kigali Icon_minitimeMer 12 Juil - 15:33

Un 4 juillet à Kigali
RWANDA - 9 juillet 2006 - par MARIANNE MEUNIER, ENVOYÉE SPÉCIALE

Chaque année depuis onze ans, le Rwanda célèbre la fin du génocide et regarde vers l’avenir.

A pied, assis dans des minibus bondés ou agglutinés, debout, à l’arrière de camions de marchandises dont on a retiré la bâche, les habitants de Kigali arrivent en masse vers le stade Amahoro, sur l’une des nombreuses collines de la capitale rwandaise. Adolescents en jean et tee-shirt, écoliers en uniforme - bleu dur pour les filles et beige pour les garçons -, adultes endimanchés ou en habits de tous les jours composent le cortège populaire. Il n’est pas 8 heures du matin et, déjà, une légère fébrilité se fait sentir. Sous l’œil des militaires postés sur les toits des bâtiments alentours, chacun se presse dans l’espoir de trouver le meilleur point de vue sur les célébrations officielles du 4 juillet, la fête nationale. Mais avec 25 000 places, les gradins d’Amahoro n’accueilleront qu’une petite partie de la foule. Les autres s’assiéront par terre, sur les pelouses contre les tribunes ou, moins chanceux, resteront debout à l’extérieur du théâtre des festivités.
Il y a douze ans jour pour jour, emmenées par l’actuel président Paul Kagamé, les troupes du Front patriotique rwandais (FPR) s’emparaient de Kigali après une longue avancée depuis l’Ouganda, au nord du pays, mettant un terme à quatre-vingt-dix jours de génocide contre les Tutsis et les Hutus modérés, et faisant tomber le régime de Juvénal Habyarimana. Chaque année depuis 1995, les Rwandais célèbrent ce 4 juillet 1994 - férié comme il se doit -, considéré par l’histoire officielle comme le véritable moment où le pays s’est libéré de l’oppresseur. L’indépendance du pays, acquise le 1er juillet 1962, est aussi à l’honneur, mais avec moins d’engouement.

Pour la première fois, la fête nationale est décentralisée. Ruhengeri, Byumba, Kibungo, Butare, Cyangugu… Jusqu’en 2005, les citoyens rwandais assistaient au grand show de l’année dans chacune des capitales des onze provinces. Cette année, en vertu du nouveau découpage administratif qui réduit le nombre de provinces à quatre (Nord, Sud, Est, Ouest), mais multiplie les districts et les secteurs, des célébrations « de proximité » ont lieu partout dans le pays. Tout en sobriété et sans fioritures : la veille du 4 juillet à Kigali, seuls quelques drapeaux - bleu, jaune, vert - indiquent les festivités à venir. Ni ménage ni ravalements de façade pour l’occasion, la capitale aux allures de cité-jardin peut se targuer d’être propre toute l’année.

Au stade Amahoro, le soleil déjà fort ne perturbe pas l’attention des spectateurs. Disciplinés, ils guettent le début des défilés militaires, tandis que la tribune présidentielle se remplit. Protégée par un auvent aux couleurs nationales, elle accueille le corps diplomatique sur les rangs du fond. Là, ces derniers auront droit à une traduction simultanée, les discours étant prononcés en kynyarwanda, la langue nationale. L’ambassadeur chinois est ici un peu chez lui : il y a une vingtaine d’années, son pays a fait cadeau du stade Amahoro au Rwanda (les deux pays ont célébré cette année le 35e anniversaire de leurs relations diplomatiques). L’ambassadeur américain a, lui, une double raison d’être ému : dans quelques heures, ses compatriotes outre-atlantique se recueilleront en souvenir de l’indépendance des États-Unis. Mais le diplomate consacre sa journée aux festivités rwandaises, les ressortissants américains à Kigali ayant été conviés par la chancellerie à une fête de l’indépendance anticipée, le 30 juin. Nœud papillon et costume noir, c’est un ambassadeur de France souriant qui fête le 4 juillet, dans un pays, qui, pourtant, ne cache pas sa rancœur à l’égard de Paris. Son homologue belge, tout juste libéré du ministre de la Coopération Armand de Decker parti à Bujumbura après une visite à Kigali, est également présent. Ouganda, Tanzanie, Burundi : les pays voisins sont représentés, à l’exception de la RD Congo. En dépit de l’annonce récurrente par le Rwanda de son intention de rouvrir son ambassade à Kinshasa, les relations diplomatiques entre les deux pays, brouillés depuis 1998, ne sont pas rétablies.

Pas de chef d’État ou de ministre étrangers venus en ami : outre les diplomates et quelques touristes, la fête est quasi exclusivement rwandaise. Le son des tambours annonce les plus hauts fonctionnaires de l’État : présidents de la Cour suprême, de l’Assemblée nationale, du Sénat, Premier ministre. Puis, à 10 h 15, le chef de l’État et son épouse arrivent. Les années précédentes, leur véhicule pénétrait à l’intérieur du stade et les déposait devant la tribune, sous les yeux de la foule. Cette année, ils entrent par l’arrière, pour ne pas abîmer la piste d’athlétisme rénovée il y a six mois, raconte-t-on dans l’assistance, à moins que des raisons de sécurité ne l’exigent.

C’est alors que la grande parade peut commencer. Les écoles, les universités, les ministères, les entreprises arpentent le stade en fanfare, dans une ronde où chaque groupe porte fièrement son fanion : service gacaca - les tribunaux traditionnels qui jugent les criminels du génocide - du ministère de la Justice ; handicapés de l’Assemblée nationale ; employés de MTN (opérateur de téléphonie mobile sud-africain) arborant des téléphones ; salariés de Rwanda Plastic Industries, chaises en plastique à la main pour montrer leur production ; agents des compagnies de sécurité privées. Un résumé du Rwanda d’aujourd’hui, qui affiche sans complexe les séquelles de son passé, sa confiance en l’avenir et notamment dans la réconciliation nationale. « Il faut travailler pour honorer la valeur que l’on s’est donnée », rappelle le chef de l’État dans un bref discours qui clôt la cérémonie. Un projet collectif que les Rwandais remettent au lendemain, car, pour l’heure, les festivités continuent. La foule assistera au match de football entre l’Armée patriotique rwandaise (APR) et Atraco, entreprise de transport, tandis que le premier cercle du pouvoir se retrouvera, le soir, pour une « boum » autour du chef de l’État et de son épouse.
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