Attentat contre l'avion du président rwandais Habyarimana : Quand l’origine de la boîte noire ajoute à la suspicion
Quinze ans après l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, la polémique enfle sur les vrais commanditaires de cet acte. Dernier rebondissement, le témoignage du journaliste français du quotidien Le Monde semble confirmer la nébuleuse qui entoure ce crime. Patrick de Saint-Exupéry soutient que la boîte noire trouvée sur les lieux de l’accident est celle d’un autre appareil Concorde d’Air France.
Le feuilleton de l’assassinat de l’ancien président rwandais, Habyarimana, survenu en 1994 se poursuit sur un air de suspicion. Un crime qui avait pourtant déclenché le fameux génocide occasionnant plusieurs centaines de morts au Rwanda. Depuis, la machine de l’enquête roule, dans l’espoir de pouvoir exploiter la boîte noire de l’avion présidentiel, ciblé par des roquettes. Et, sur ce le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, rédacteur en chef du trimestriel 21 et par ailleurs, auteur du livre ‘L’inavouable, la France et le Rwanda’, soutient avec certitude que la boîte noire, amenée à New-York pour un décryptage, n’est pas celle du Falcon 50 du président, mais l’élément d’un concorde d’Air France. Des propos confirmés par un cadre du constructeur Dassault qui l’a attesté devant le juge Bruguière en charge de l’enquête.
L’expert s’étonne du fait que les avions à usage privé, comme les petits Falcons, ne sont pas obligés d’être équipés avec de telles boîtes, qui ont la capacité d’enregistrer tous les paramètres du vol. Ces thèses corroborent largement les arguments de ceux qui ont toujours cru que l’attaque, qui a coûté la vie au président Habyarimana en avril 1994, serait le fruit d’un vaste complot avec des commanditaires tapis dans l’ombre. Sinon, comment retenir qu’une telle boîte appartenant à un appareil Falcon 50 puisse se retrouver sur les lieux du crime, juste après le crash.
Pourtant l’enquête menée par les Nations unies à l’époque, avait toujours récusé le profil et les caractéristiques de la boîte qui sert aujourd’hui d’élément de base aux enquêteurs. Car la boîte a été retrouvée sur les collines dans le cadre de la vaste opération de recherche qui a suivi l’accident. L’on se rappelle que la France, par le biais des familles des membres de l’équipage, avait porté plainte et lancé un mandat d’arrêt contre Rose Kabuyé. Cette proche de l’actuel président rwandais, Paul Kagamé, avait été mise en examen le 20 novembre dernier pour ‘complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste’.
Aujourd’hui, avec cette nébuleuse sur l’origine de la boîte, le dossier qui empoisonne les relations entre la France et le Rwanda risque de prendre une autre tournure. Car jusqu’ici, l’implication d’autres maillons tapis dans l’ombre n’est pas exclue