Idéologie génocidaire

Le conseil du district de Gakenke, dans la province rwandaise du Nord, a décidé mercredi à l'unanimité de limoger le maire, M. Epaphrodite Mugemangango, accusé notamment de propager parmi ses administrés l'idéologie génocidaire, a-t-on appris jeudi à Kigali.

Selon un rapport du conseil de district, Mugemangango serait derrière des incidents procédant de l'idéologie génocidaire dans les secteurs Janja, Nemba et Muzo, rapporte jeudi le New times.

Il aurait ainsi prononcé des discours tendant à soutenir qu'un double génocide a été perpétré au Rwanda, et muté au lieu de punir des enseignants prêchant l'idéologie du génocide, selon le quotidien rwandais.

Le responsable administratif aurait par ailleurs "tenu des réunions privées" lors de la dernière commémoration du génocide de 1994 qui a fait, selon Kigali, près d'un million de tués, essentiellement au sein de la communauté tutsie, ajoute ce journal pro-gouvernemental.

Mugemangango avait été élu à ce poste en mars 2006. Le district sera administré à titre intérimaire par son Secrétaire exécutif, Richard Mberabagabo, en attendant l'organisation de nouvelles élections.
En janvier, le ministère de l'Enseignement de l'éducation a renvoyé une cinquantaine de directeurs d'écoles et d'enseignants accusés de véhiculer l'idéologie du génocide

La loi rwandaise réprimant l’idéologie du génocide et qui est sur le point d’être promulguée sera enseignée dans les écoles, selon le ministère de l’Education.

«C’est une décision du ministère de l’Education, la loi sera enseignée dans toutes les écoles, au même titre que d’autres matières », a rapporté jeudi le journal pro-gouvernemental rwandais Izuba rirashe (Soleil Levant), citant la nouvelle ministre de l’Education, Daphrose Gahakwa.

Au mois de janvier, des dizaines d’enseignants accusés de véhiculer l’idéologie génocidaire ont été mis à la porte.

La ministre a appelé tous les élèves et étudiants actuellement en vacances scolaires à se tenir aux côtés des rescapés en cette semaine où le pays commémore pour la 14 ième fois le génocide de 1994 qui a fait, selon l'ONU, 800 000 morts, essentiellement parmi les Tutsis.

Par ailleurs, tous les enseignants du primaire et du secondaire se trouvent actuellement des «camps de solidarité» où la lutte contre l’idéologie se trouve au programme.

Alors que lundi des cérémonies ont marqué le 14ème anniversaire du début du génocide, pendant toute la semaine à travers le pays, des conférences sur le génocide de 1994, sa genèse et ses conséquences sont organisées par les autorités ou la société civile, des poignants témoignages sur le génocide sont entendus.

Toutes les radios du pays diffusent de la musique en rapport avec le génocide ainsi que des poèmes racontant le calvaire des victimes.

Les activités des juridictions gacacas chargées de juger la presque totalité des auteurs présumés du génocide ont été suspendues au cours de cette semaine de deuil national dont l’ouverture lundi a été marquée par un discours du président Paul Kagame.

Dans un discours prononcé à Nyamata dans le district de Bugesera, dans la Province de l’Est, une des régions qui ont été les plus touchées par les massacres de 1994, le chef de l’Etat rwandais s’en est pris aux juges français, Jean-Louis Bruguière et espagnol, Fernando Andreu Merelles qui ont émis des mandats d’arrêt contre des officiers de l’actuelle armée rwandaise.

La semaine de deuil national s’achèvera dimanche par une cérémonie à Kigali, en mémoire des hommes et des femmes politiques tués pendant le génocide.

La mise en place de centres de rééducation pour les personnes condamnées pour des actes liés à l’idéologie du génocide s’impose en guise de thérapie et de prévention, selon un officiel rwandais.

Alphonse Hitiyaremye, procureur général adjoint du Rwanda, recommande à cet effet « la mise sur pied de centres de rééducation et l’accélération de la réforme du code pénal ».

« A ceci s’ajoutent la définition claire du crime d’idéologie du génocide et de ses actes constitutifs, la sensibilisation des gens sur la nécessité de saisir la justice dès qu’il y a infraction, le pavage d’une cohabitation pacifique sur base de l’unité et réconciliation », ajoute Hitiyaremye.

D’après le rapport 2007-2008 sur les procès en rapport avec l’idéologie du génocide, les actes constitutifs de ce crime ont été jusqu’ici « l’assassinat (56 affaires), le meurtre (11), l’empoisonnement (12), les coups et blessures (522), les incendies criminels (47), les dommages sur les biens (52) et bétail (21), négationnisme et révisionnisme (243), la discrimination (244) et les menaces (96) ».

Sur les 1.304 affaires répertoriées, il y a eu 8 condamnations à la prison à vie, 2 condamnations à plus de 20 ans d’emprisonnement et 102 acquittements, indique notamment le rapport.

Les auteurs du rapport recommandent la localisation des témoins et rescapés du génocide pour une meilleure protection et une sensibilisation accrue en Province du Sud qui compte à elle - seule plus de 50% des procès en cours.

SRE/AT/ER/GF

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