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 Interview de Kagame au Figaro

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ibukafrance
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MessageSujet: Interview de Kagame au Figaro   Interview de Kagame au Figaro Icon_minitimeSam 16 Déc - 7:52

Paul Kagame : "Les Rwandais veulent des excuses de Paris"Propos recueillis à Kigali par PATRICK DE SAINT-EXUPÉRY. Publié le 16 décembre 2006

«Paris est complice de génocide», dénonce Paul Kagame.


LE FIGARO. - Pourquoi avoir rompu les relations diplomatiques avec Paris ?

Paul KAGAME.- Depuis des années, notre relation avec la France n'est pas bonne. Cela remonte à l'époque où le gouvernement français soutenait le gouvernement d'Habyarimana, responsable du génocide. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, Paris s'est mis à multiplier les obstructions. Nous avons fait des efforts pour bâtir une relation normale, mais sans y parvenir. Des pays africains, votre ancien ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, ont essayé. Mais nous nous sommes rendu compte, au fil des discussions, que ceux à qui l'on demandait l'essentiel des efforts étaient les victimes. Et puis, en 2004, il y a eu cette publication dans un journal français d'une enquête du juge Bruguière sur l'attentat d'avril 1994. Dès ce moment, il était clair que Bruguière voulait impliquer le FPR (le parti au pouvoir). Avec le dernier incident (l'émission de neuf mandats d'arrêts visant des responsables de Kigali, NDLR), il est devenu évident qu'il ne s'agissait pas simplement du travail d'un juge. Pour nous, le gouvernement français est derrière le juge.

Le juge Bruguière a-t-il demandé à se rendre au Rwanda ?

Il n'a jamais rien demandé, il n'a même pas essayé. Il aurait dû.

Le juge vous accuse d'avoir commandité l'attentat et de l'avoir fait réaliser par des hommes du FPR ?

Je le dis avec insistance et en lettres majuscules : nous n'avons jamais fait cela. Jamais. Mais cette réponse n'est pas suffisante. Je vais poursuivre en me faisant l'avocat du diable. Et poser une étrange question : supposons que nous l'ayons fait ? Supposons cela. Et alors ? Habyarimana était un dictateur. Pourquoi la France et le juge Bruguière sont-ils si concernés par le sort d'un dictateur et si peu par celui d'un million de morts ? Je veux soulever un autre point : de 1990 à 1994, nous étions dans une situation de guerre. Des accords de paix avaient été passés en 1993. Mais, de cette année à la mort d'Habyarimana, le gouvernement rwandais a tué les gens, a entraîné les milices qui ont commis le génocide. Maintenant, le juge dit : Habyarimana est mort dans cette situation de guerre et vous devez être tenu responsable de tout. Ce juge tente de masquer ce qu'a fait le gouvernement français. Il essaye d'affirmer que l'assassinat d'Habyarimana est la cause du génocide, alors que tout le monde sait très bien que les militaires français ont entraîné, des mois avant la mort d'Habyarimana, les milices et les tueurs qui ont réalisé le génocide. Les Nations unies ont des rapports sur cela. Il y a des témoins, des documents sur ces camps d'entraînement où des gens ont appris à tuer les Tutsis. Les Français faisaient-ils cela en anticipant que, bien plus tard, le FPR abattrait l'avion d'Habyarimana ? Cela n'a aucun sens.

Pourquoi le gouvernement français serait-il derrière le juge Bruguière ?

Pour couvrir sa propre culpabilité. Il a soutenu Habyarimana, il est impliqué dans l'entraînement des milices, il a participé à l'oppression du peuple de ce pays. Nous avons des photos de soldats français s'en prenant à des gens dans la rue, qu'ils soient Hutus ou Tutsis. Qu'étaient-ils venus faire ? En quoi cela les concernait-il que les gens soient Hutus ou Tutsis ?

Les dirigeants français n'auraient jamais accepté que le FPR l'emporte en 1994 ?

Ils ne l'ont jamais accepté. Ils ont une dent contre nous. Et cela n'a pas de fin. Ils nous en veulent d'en avoir fini avec un régime dictatorial qui, pour nous, était le responsable du génocide et qui, pour eux, était un régime ami. La querelle d'aujourd'hui n'en est que la continuation. Mais c'est aussi une attitude. Les autorités françaises pensent pouvoir traiter n'importe comment les Africains.

Pourquoi avez-vous mis en cause le premier ministre français, Dominique de Villepin ?

Il dirige le gouvernement français et ce gouvernement ne se rend pas compte de ce qu'il fait en appuyant le juge. En émettant des mandats contre nous, le juge et le parquet ont créé un précédent. Nous pouvons, nous aussi, émettre des mandats contre les officiels français impliqués dans le génocide. Contre d'anciens militaires et des responsables politiques. Je vais donner un exemple : Dominique de Villepin était à l'époque au cabinet du ministre des Affaires étrangères. À cette période, l'analyse du cabinet était que le Rwanda était envahi par des étrangers, ce qui justifiait l'engagement militaire français. Selon eux, j'étais donc un étranger au Rwanda. Pour qui se prennent-ils ? Ils pensent avoir plus de droits au Rwanda que moi ou les Rwandais ? Comment cela est-il possible ?

Vous dites que des responsables français pourraient être poursuivis...

Si la France accepte que le juge Bruguière incrimine des officiels rwandais, alors il est évident que des juges rwandais peuvent incriminer des officiels français.

Comment arrêter cette escalade ?

C'est un conflit sérieux. Nous avons tenté, je l'ai dit, de résoudre ces problèmes avec la France. Le gouvernement français n'a jamais voulu, malgré nos contacts avec les responsables africains proches de Paris comme les présidents Wade au Sénégal, Compaoré au Burkina-Faso, Bongo au Gabon. Paris a initié ce conflit. La fermeture de l'ambassade de France au Rwanda ne doit pas être vue comme un acte soudain. Cela fait douze ans que nos relations ne fonctionnent pas. Si l'on veut résumer la nature de ce conflit, on peut formuler ceci : Paris nourrit depuis des années le soupçon contre « un régime issu des fosses communes » tandis que Kigali accuse Paris de « complicité de génocide »... Paris est complice de génocide, oui.

Y a-t-il une voie de sortie à cette opposition ?

Avant, cela aurait été simple. Mais Paris s'est refusé à cette approche : les responsables de grands pays, le premier ministre belge, le président américain..., sont venus ici et ont admis leurs responsabilités - qui n'ont rien à voir avec celles de Paris. Ils se sont excusés. La France n'a jamais eu le moindre mot. Les Français sont les plus impliqués et... rien, pas un mot. Alors que de simples excuses, montrant que l'on a été touché par ce qui s'est passé ici, feraient une grosse différence. Ne pas être capable de faire cela quand on est impliqué à ce point ne fait que tout empirer. C'est à la France de réfléchir. C'est à elle de décider. Si un officiel français venait à Kigali pour présenter ses excuses aux Rwandais, cela ferait une énorme différence. C'est ce qu'attendent les Rwandais
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