Colère des survivants du génocide de 1994 après la remise en liberté de certains suspects
KIGALI, le 9 août (Source: IRIN) - Le 29 juillet, le gouvernement rwandais a décidé de remettre en liberté des dizaines de milliers de détenus, dont la plupart a avoué avoir participé au génocide de 1994. Suite à cette décision, lundi, des survivants du génocide ont déposé une plainte collective contre le gouvernement.
« Leur remise en liberté ne servira qu’à affaiblir les tribunaux "Gacaca" puisqu’aux yeux des survivants ces tribunaux apparaîtront comme inutiles », a déclaré dans un communiqué Ibuka, une organisation faîtière qui s’occupe des survivants du génocide rwandais.
Les tribunaux « Gacaca » ont été mis en place en 2002 afin de faire comparaître devant la justice un grand nombre de personnes suspectées d’avoir participé au génocide.
Au cours de la première semaine du mois d’août, le gouvernement rwandais a relaxé environ 36 000 prisonniers. Le gouvernement a pris une telle décision en partie parce que le système judiciaire n’était plus en mesure de faire face aux 80 000 personnes détenues dans les prisons. La majorité des prisonniers ont été incarcérés pendant plus de dix ans, depuis la fin du génocide. Depuis, peu d’entre eux ont comparu devant un tribunal.
Selon Jean de Dieu Mucyo, le procureur général rwandais, la remise en liberté des prisonniers n’est pas une amnistie. Les personnes qui ont avoué avoir pris part à l’assassinat de 937 000 Tutsis minoritaires et Hutus politiquement modérés en 1994 devront tout de même comparaître devant les tribunaux « Gacaca ».
Cependant, Ibuka a affirmé que les survivants du génocide considéraient les personnes relaxées comme étant des violeurs, des personnes qui ont joué un rôle clé dans l’organisation du génocide, des extrémistes qui vont probablement échapper à la justice.
« Ces personnes représentent un grave problème pour la sécurité des survivants », a précisé Ibuka.