Problème "aérien" Belgique Rwanda?

Acte 1: Un avion de la SNBA bloqué à Kigali

Bruxelles, Belgique, 24/02- Angola Press - Un avion Airbus de la compagnie aérienne belge, la SN Brussels Airlines (SNBA), est bloqué depuis mardi à l`aéroport de Kigali sur décision des autorités rwandaises, a-t-on appris mercredi au siège de la SNBA à Bruxelles.

Les responsables de la SNBA ont déclaré que l`avion est cloué au sol pour "une enquête administrative" diligentée par les autorités aéroportuaires de Kigali, précisant que l`appareil, qui assurait le vol Bruxelles-Kigali-Nairobi-Bruxelles, répond parfaitement à toutes les normes de sécurité.

A Bruxelles, on pense que la décision de bloquer l`appareil a été prise par les autorités rwandaises en représailles à la saisie en Belgique, depuis 6 mois, d`un avion cargo rwandais qui ne répond pas aux normes de sécurité. La Belgique refuse de faire décoller l`avion rwandais tant que les réparations nécessaires n`auront pas été effectuées.

Selon un journaliste du périodique "Dialogue", un magazine rwandais paraissant à Bruxelles, l`avion cargo qui appartient à des proches du président Paul Kagamé, servait à transporter vers la Belgique des produits pillés en RD Congo, notamment de la cassitérite, du coltan, de l`or, du diamant et du bois.

Son immobilisation à l`aéroport de Zaventem depuis 6 mois représente un manque à gagner considérable pour les propriétaires, a indiqué le journaliste rwandais.

L`avion cargo rwandais avait été immobilisé avant l`arrestation du père Guy Theunis le 5 septembre dernier à Kigali. A Bruxelles, on avait pensé, à l`époque, que l`arrestation du religieux belge avait été ordonnée par mesure de représailles à l`immobilisation de l`avion cargo rwandais.

Accusé de complicité de crime de génocide, le Père Guy Theunis a été rapatrié en novembre dernier en Belgique où l`instruction est en cours pour un éventuel procès sur la base de la loi de compétence universelle. Dans une interview récente au magazine "Jeune Afrique l`Intelligent", Paul Kagamé avait affirmé que la justice de son pays détient les preuves de la culpabilité du Père Guy Theunis, missionnaire au Rwanda de 1990 à 1994. Il est le fondateur du périodique "Dialogue", interdit au Rwanda et publié depuis 1994 en Belgique.

Acte 2: L'avion de la SNBA autorisé à quitter le Rwanda

le 24-2-2006 16:48 (RTL.be)

L'avion de la SN Brussels Airlines (SNBA), qui était bloqué depuis mardi soir par les autorités rwandaises sur le tarmac de l'aéroport de Kigali, a reçu l'autorisation de quitter le pays. L'appareil, un Airbus A 330-300, effectuera "au plus vite ce soir" le vol retour vers Bruxelles.
L'avion, qui desservait la ligne Bruxelles-Kigali-Nairobi-Bruxelles, avait été retenu au sol en raison d'"une enquête administrative des autorités aéronautiques rwandaises", selon la SNBA. Plus d'une centaine de passagers qui devaient embarquer à Kigali mardi soir pour Nairobi et Bruxelles n'avaient pu prendre le vol dont l'ancien président sénégalais Abdou Diouf et une délégation d'étudiants juifs de France, selon le quotidien « Le Soir ».

Le Premier ministre Guy Verhofstadt avait téléphoné hier soir au président du Rwanda Paul Kagamé pour demander une issue rapide à cette affaire. "SN a pleinement collaboré au bon déroulement de l'enquête et a constaté que celle-ci a duré 70 heures", a indiqué la compagnie, en soulignant que "les opérations de la compagnie et le plan d'entretien de ses avions se sont toujours déroulés dans le respect total des règles et procédures internationales et belges".

Acte 2 (suite):Retour en Belgique de l'avion de la SNBA bloqué au Rwanda

le 25-2-2006 12:30 (RTL.be)

L'Airbus A330 de la SNBA, qui avait décollé hier soir de Kigali après avoir été retenu pendant trois jours dans la capitale rwandaise, a atterri sans encombre ce matin vers 06h30 à l'aéroport de Bruxelles-National avec à son bord soixante-trois passagers et onze membres d'équipage.
Les autorités aéroportuaires rwandaises avaient bloqué durant trois jours l'Airbus belge par mesure de rétorsion au blocage, depuis six mois, d'un DC-8 de la compagnie rwandaise Silverback Cargo Freighters à l'aéroport de Bruxelles-National. Cette compagnie de fret figure depuis fin août 2005 sur la "liste noire" publiée par le ministre des Transports, Renaat Landuyt. Il desservait Bruxelles en sous-traitance pour Ethiopian Airlines.

Acte 3: Coup de froid sur les relations belgo-rwandaises (rtbf 25/02)

L'Airbus de la SN Brussels Airlines, bloqué pendant 3 jours sur l'aéroport de Kigali, au Rwanda, a finalement atterri ce samedi aéroport de Bruxelles-National, après un vol sans difficultés. Mais le gouvernement belge ne cache pas sa mauvaise humeur : il qualifie l'attitude des autorités rwandaises d'inacceptable.

Les autorités rwandaises avaient bloqué l'Airbus belge pour des problèmes administratifs avant d'avancer des raisons techniques. Mais beaucoup d'observateurs avaient suggéré qu'il s'agissait sans doute d'une mesure de rétorsion: un DC-8 d'une compagnie rwandaise est en effet cloué au sol depuis 6 mois en Belgique pour de sérieux motifs de sécurité.

Le Premier ministre Guy Verhofstadt et le ministre des Affaires étrangères Karel De Gucht avaient alors multiplié les contacts avec les autorités rwandaises, y compris avec le président Paul Kagamé. Apparemment, ces contacts ont permis de débloquer la situation.

Mais le gouvernement belge ne cache pas son indignation : vendredi déjà, à l'issue du conseil des ministres, il affirmait que "ne pas autoriser le départ d'un avion sans raison légitime est tout au fait contraire au droit international". Dans un communiqué diffusé dans la soirée, le gouvernement allait plus loin en disant que "si de tels faits devaient se reproduire, cela risquerait d'avoir un effet négatif sur la coopération entre les deux pays".

La situation est donc débloquée mais à la SN Brussels Airlines , on reste prudent : l'avion qui doit assurer samedi, la liaison Bruxelles-Kigali-Nairobi, ne passera pas par le Rwanda...

L'airbus de SNBA est rentré (26/02/2006)

Après trois jours d'attente, l'appareil a enfin pu quitter le sol rwandais. L'Airbus A 330 de la SNBA, qui avait décollé vendredi soir de Kigali après avoir été retenu pendant trois jours dans la capitale rwandaise, a atterri sans encombre samedi matin vers 06h30 à l'aéroport de Bruxelles-National avec à son bord 63 passagers et onze membres d'équipage.

Les passagers, restés cloués quelque 72 heures de plus que prévu sur le sol rwandais, faisaient en général contre mauvaise fortune bon coeur, se disant plus soulagés que furieux du dénouement de l'affaire.
Certains ont toutefois stigmatisé le manque d'informations reçues sur place à propos du contentieux belgo-rwandais.

Les Belges bloqués à Kigali ont par contre été apparemment mieux informés. «Nous avons été bien pris en charge par le personnel de SN», a expliqué un homme d'affaires séjournant régulièrement au Rwanda.

Les autorités aéroportuaires rwandaises avaient bloqué durant trois jours l'Airbus belge, censé décoller mardi dernier, en arguant tout d'abord de problèmes administratifs. Avant que les autorités belges ne fassent elles-mêmes état d'une mesure de rétorsion au blocage, depuis six mois, d'un DC-8 de la compagnie rwandaise Silverback Cargo Freighters à l'aéroport de Bruxelles-National.

Cette compagnie de frêt figure depuis fin août 2005 sur la liste noire publiée par le ministre des Transports, Renaat Landuyt. Le DC-8 desservait Bruxelles en sous-traitance pour Ethiopian Airlines.

Le blocage de l'Airbus de la SNBA, justifié au départ par des raisons administratives, avait suscité la colère du gouvernement belge, qui a haussé le ton vendredi.


«Ne pas autoriser le départ d'un avion sans raison légitime est tout à fait contraire au droit international», ont souligné le Premier ministre, Guy Verhofstadt, et le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht.

© La Dernière Heure 2006

La Belgique est remontée, l’avion de la SN reprend le vol

umuco.com : samedi 25 février 2006.

BRUXELLES, U.N.A.-Enfin, les passagers de la SN, bloqués à Kigali depuis le 21 février dernier ont pu prendre le vol vers leurs destinations. Dans un communiqué de presse rendu public ce vendredi 24 février, les autorités belges ne cachent pas leur indignation face "à l’attitude des autorités rwandaises dans l’affaire de l’Airbus de la SNBA, qui, du 21 au 24 février 2006, est resté bloqué à Kigali." Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt ainsi que le ministre des affaires étrangeres, Karel de Gucht ont affirmé que le 21 février, jour de l’immobilisation de l’avion de la SN Brussels, la Commission européenne avait adressé un courrier à la compagnie Silverback, dont un avion est retenu en Belgique.

Il s’agit, poursuivent les autorités belges, d’une violation du Droit international. Et si l’expression "incident diplomatique" n’est pas employée, les circonstances sont à ce point graves que le chargé d’affaires rwandais à Bruxelles a été convoqué au service public fédéral chargé des affaires étrangeres.

La Belgique va jusqu’à menacer d’informer ses partenaires "de ces pratiques inadmissibles qui risquent d’entacher sérieusement l’image du Rwanda auprès de la Communauté internationale." Et de conclure, "si de tels faits devaient se reproduire, cela risquerait alors d’avoir un effet néfaste sur la coopération entre les deux pays".

Les autorités rwandaises avaient dans un premier temps trouvé que cet avion ne remplissait pas les conditions requises pour voler, avant de reconnaitre qu’il était techniquement en ordre. Il est aujourd’hui évident que le gouvernement rwandais réagissait à la mesure belge de retenir (et cela depuis plus de six mois), un avion de la compagnie rwandaise Silverback, dans laquelle un proche de Kagame aurait des actions. C’est dans l’application d’un règlement visant à établir une liste communautaire de compagnies aériennes qui ne peuvent plus desservir les aéroports européens qu’un avion de la compagnie Silverback fait l’objet d’une interdiction d’exploitation sur le territoire belge. Cette compagnie, lit le communiqué, ne satisfait pas aux normes de sécurité internationales.

Les relations entre la Belgique et le Rwanda sont au plus bas. Après l'affaire du père Theunis, le blocage de l'avion SN pendant 72 heures à Kigali conduit le gouvernement belge à hausser le ton. Il dénoncera à ses partenaires internationaux les pratiques rwandaises inadmissibles.

Convoquée vendredi après-midi par le cabinet du ministre De Gucht, la chargée d'affaires rwandaise à Bruxelles s'est vu signifier que les deux pays étaient désormais dans une phase de crise. Bruxelles n'est pas loin de considérer que les autorités rwandaises se sont livrées à une prise d'otages sur les passagers de l'airbus belge, l'appareil ayant en plus été encerclé par des militaires pour en empêcher l'accès.

Pourquoi cette dégradation des relations ? « Ca ne vient pas de nous » assure-t-on à Bruxelles, mais le Rwanda joue avec le feu. Un interlocuteur nous fait remarquer que le Rwanda compte depuis des années sur la bonne volonté de la communauté internationale, mais que cette même communauté à mis aujourd'hui des limites. A commencer par les Etats-Unis de Georges Bush beaucoup moins conciliants que son prédécesseur Clinton, ami du président Kagamé.

Depuis le génocide, le Rwanda a occupé le Congo. Plusieurs rapports de l'ONU l'ont accusé d'avoir pillé les richesses de la RDC et des voix s'élèvent pour réclamer une plus grande démocratisation du régime. L'affaire de l'avion SN serait une mesure de rétorsion suite à la décision belge de clouer au sol un avion rwandais il y a 6 mois. Mais elle ne doit pas cacher non plus l'irritation grandissante de Kigali qui accuse Bruxelles d'abriter des génocidaires et de faire preuve d'arrogance envers ses interlocuteurs africains. Les menaces du gouvernement belge après l'affaire SN risquent bien de ne pas apaiser les esprits.

(RTBF.be 27/02/06)