Plainte contre Pierre Péan
(Xinhuanet 18/02/2006)
Des rescapés du génocide rwandais et des familles de victimes ont annoncé vendredi à Paris qu'ils allaient porter plainte "dans les jours qui viennent" en France et en Belgique contre le livre du journaliste et écrivain français Pierre Péan portant sur ce thème.
De 40 à 50 plaignants en Europe et 200 au Rwanda estiment que ce livre, "Noires fureurs, Blancs menteurs" (éditions Mille et Une Nuits), contient des propos "racistes et xénophobes" à l'égard des tutsis ainsi que des propos "révisionnistes et quasi-négationnistes" concernant le génocide.
Ils demandent chacun 10.000 euros en réparation.
"Les thèses de Péan apportent un grand ballon d'oxygène aux génocidaires", a déclaré lors d'une conférence de presse François Xavier Ngarambe, représentant de l'association Ibuka au Rwanda. Cette association milite en faveur des rescapés et victimes du génocide.
Le génocide a fait en 1994 environ 800.000 morts, selon l'ONU, en majorité des membres de la minorité tutsie.
Pour M. Ngarambe, "la plupart des génocidaires" n'ont pas perdu la volonté (de génocide)" mais "seul le cadre ne le permet plus".
Placide Kalisa, représentant d'Ibuka en Belgique et l'un des plaignants, a estimé que "M. Péan a délibérément insulté la mémoire des victimes et qu'il a "blessé, chosifié, nié leur réalité vécue". Il a jugé nécessaire "un geste de résistance contre le racisme et le révisionnisme" de M. Péan.
"Je crois que ce livre viole l'ordre symbolique des choses et c'est jouer avec le feu dans cette société qui fait tant d'efforts pour reconstruire son histoire", a déclaré l'avocat belge des parties civiles, Me Bernard Maingain.
La polémique sur le rôle de la France au Rwanda lors du génocide a rebondi avec la parution du livre. M. Péan y défend l'attitude de la France et met en cause l'actuel président rwandais Paul Kagame, membre de la minorité tutsie.
La France est accusée par l'actuel régime rwandais d'avoir entraîné et armé les auteurs du génocide avant les massacres et d'avoir ensuite facilité la fuite de certains de ses responsables, ce que Paris a toujours nié.
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