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ibukafrance
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MessageSujet: Aujourd'hui   Aujourd'hui Icon_minitimeJeu 19 Jan - 8:07

Kigali, le lac Kivu et une population chaleureuse. Autant d’atouts sur lesquels les Rwandais veulent s’appuyer pour changer l’image de leur pays et oublier les affres de la guerre civile.

Les rayons du soleil dansent sur le lac Kivu. Telle une mer d’huile, le lac s’étend jusqu’à l’horizon. Ma chambre s’ouvre sur ses berges sablonneuses et une eau claire, tentante. Le calme est envahissant : exactement ce dont j’ai besoin après le voyage émotionnellement épuisant qui m’a conduite ici depuis la capitale rwandaise. “Il n’y a rien pour les touristes à Kigali”, m’affirme tout de go mon guide, Paul. Mais je veux y passer quelque temps. J’insiste pour qu’il m’indique des endroits à voir. “Il y a bien un tour de la ville en bus, concède-t-il. Il s’arrête au mémorial du génocide, sur la route où des soldats de la paix ont été abattus et à la maison de l’ancien gouverneur colonial.” Trois étapes qui illustrent les diverses prises de conscience, sur l’Histoire et sur l’être humain, qui m’ont bouleversée au Rwanda.
Lorsque je demande à Paul où prendre un petit déjeuner, il m’envoie vers une bonne boulangerie située dans le quartier de Deux Milles. C’est un peu les Halles de Kigali, un quartier de restaurants et de petites boutiques de mobilier artisanal, de produits naturels et de papeterie. Chaque édifice affiche les couleurs chatoyantes des enseignes peintes à la main : la pharmacie Harmonie, minuscule et rose, jouxte un restaurant baptisé La vie continue, comme si la rue elle-même affirmait haut et fort la persistance d’un état d’esprit que le génocide n’a pu entamer.
En 1994, pendant trois mois, le Rwanda a été le théâtre d’un génocide. La “solution finale” mise en œuvre par une faction politique extrémiste a entraîné de monstrueux assassinats et a suscité haine et dévastation entre voisins, entre amis. Les Rwandais veulent que le monde sache ce qui s’est passé dans leur pays. Ils sont heureux de voir aujourd’hui des touristes et ils sont nombreux à souhaiter les voir aller aux mémoriaux. “Je ne veux plus ressentir de haine pour ceux qui ont tué mes proches. Quand je hais, je ne sens plus l’humanité qu’il y a en moi. Et je ne veux pas que mes enfants grandissent avec les sentiments avec lesquels je dois vivre”, m’explique un survivant, à Murambi, qui m’encourage à prendre en photo des corps exhumés. L’entreprise dans laquelle se lancent les Rwandais est impressionnante. Les voisins partent ensemble, chaque matin, restaurer les routes, symbolisant à leur modeste échelle ce sens de la communauté qui cimente la capitale. Dans un monde où urbanisation rime souvent avec pollution, embouteillages, consumérisme et criminalité, Kigali est une capitale modèle, riche d’une combinaison rare de cosmopolitisme et de ruralité.
Le paysage de la capitale rwandaise est un curieux mélange de béton et de bananiers. L’urbain et le rural se complètent. Les bars tape-à-l’œil côtoient les jardins potagers. Le soir, le bruit des hommes est assourdi par celui des grenouilles. Propre, tranquille et si petit que l’on y tombe sans cesse sur une connaissance, Kigali est le théâtre de rencontres incroyablement courtoises. Les amis s’enlacent et s’embrassent trois fois. Même les soldats en armes chargés de la sécurité de la ville vous serrent la main quand vous leur demandez votre chemin, avant de poser leur main gauche sur leur coude droit en signe de respect.
Je me rends chez Regina, une amie, qui vit dans les collines. Son intérieur est sobre, murs blancs et meubles en bois sombre. Elle me dit que la vie serait moins douce sans son verre de lait frais quotidien, et quand elle dit frais, cela veut dire livré chaque matin des trayeuses voisines. A Kigali, vous pouvez vous connecter à l’Internet sans fil dans un grand hôtel cinq étoiles, déguster une succulente spécialité d’Afrique de l’Ouest, le fufu d’igname [une pâte à manger avec une sauce], une baguette fraîche à la française ou encore de la délicieuse cuisine chinoise. Mais c’est aussi une ville où l’on déambule en permanence sous le regard d’un millier de vaches domestiquées, petites aguicheuses aux longues cornes élancées qui sont bien plus minces que les nôtres. La vache, monnaie traditionnelle du Rwanda, garde une place de premier plan dans la vie à Kigali. Si le lait est essentiel au Rwanda, la grande vedette du moment est le Natural Passion, une boisson à base de fruit de la passion inventée par un jeune entrepreneur de la ville universitaire de Butare. Le Natural Passion coule à flots au Planet, la boîte à la mode de la capitale. C’est là que j’ai eu droit à ma première rencontre surprise à Kigali, lorsque je suis tombée sur Paul. Entre deux morceaux de hip-hop, je lui dis à quel point Kigali me plaît et qu’il fait une bien piètre publicité pour sa ville. En riant, il se lance sur la piste de danse pour me montrer que sa reconversion est déjà toute trouvée.
Le Rwanda est l’un des rares pays du monde où l’on peut voir des gorilles en liberté. Les parcs nationaux abritent des singes, des hippopotames et des crocodiles. Mais inutile de faire un safari pour être émerveillé, il suffit de prendre un bus. Sur n’importe quelle route, le panorama change à chaque virage. Le paysage est couvert de bananiers dont les feuilles dentelées oscillent dans le vent, exprimant tantôt la surprise, tantôt la prière ou une sérénade. Nous nous rendons sur les hauts plateaux, dont le climat est propice à la culture du thé et du café. L’ambassadeur de Grande-Bretagne au Rwanda avait jadis pour devoir de ramener à la famille royale un excellent thé rwandais. Aujourd’hui, l’étiquette sur les paquets affirme qu’il s’agit du “meilleur thé au monde”. Mais ces feuilles aux effluves subtils restent rares en dehors du Rwanda, dont le café constitue désormais l’une des premières exportations.
Le pays a une autre ambition, celle de séduire et d’attirer les touristes. Le lac Kivu serait leur destination de prédilection, au cœur de l’Afrique centrale et des Grands Lacs. C’est l’un des plus vastes avec ses 2 700 km2, partagés entre le Rwanda et la république démocratique du Congo. Pour quiconque a envie d’Afrique, mais souhaite éviter les régions secouées par des troubles, le Rwanda est la destination idéale. Au bord du lac Kivu, la province de Kibuye a des airs de Toscane. Sous un ciel d’azur, le vert et le jaune se mêlent au rouge flamboyant de la terre. Le lac Kivu apporte calme et sérénité au visiteur. C’est sur ses rives que l’on a trouvé les plus anciens outils de pierre au monde. Mais si le Rwanda est riche de son passé, c’est aussi un pays à l’avenir prometteur.

(Source: le Courrier International 18/01/06)
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