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 Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française

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ibukafrance
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MessageSujet: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeMer 21 Fév - 13:53



Dernière édition par le Lun 19 Nov - 10:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeVen 27 Avr - 15:38

Extrait de l'Interview de Fabrice de la Patellière, directeur de la fiction de canal +:
Allez-vous continuer à développer des téléfilms politiques ?
Nous essayons d’être de plus en plus contemporains. Donc, à terme, on aura forcément fait le tour de ce genre de sujets. Mais ce n’est pas encore le cas : nous avons cinq ou six projets en cours et nous espérons en développer encore au moins une dizaine. Parmi les projets relativement avancés, il y a un téléfilm sur l’opération Turquoise au Rwanda, un autre sur les Klarsfeld et Klaus Barbie, une fiction sur le terroriste Carlos, un projet sur le massacre de Srebrenica, et un film sur les attentats de la rue de Rennes. L’idée est d’en diffuser un par trimestre. Mais nous voudrions également développer d’autres fictions unitaires, notamment des comédies, un des genres les plus difficiles à écrire. Cela concerne un ou deux projets par année et ils doivent se situer dans un univers contemporain. L’humour peut être beaucoup plus abrasif que sur les autres chaînes.
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeMar 3 Juil - 10:18

Extrait d'interview du DG de Canal Plus:

Côté fiction, allez-vous persister dans la veine de l’histoire récente?

A la rentrée, on va créer à 20h50, le lundi soir une case qui va s’appeler «Création originale Canal». Ce sera un programme dont la production a été initiée par Canal +, en majorité de la fiction française et de temps à autre du documentaire. Il y aura deux axes : les fictions unitaires engagées, comme Opération turquoise sur le génocide au Rwanda vu des forces françaises. Ou Les prédateurs sur l’affaire Elf. Nous avons aussi une fiction sur les époux Klarsfeld. L’autre axe, ce sont les séries : L a commune , une série très noire sur les conflits en banlieue, ou Scalp, un thriller financier, et la saison 2 d’ Engrenages. Cette case est très importante, elle signifie notre engagement sur la création et les écritures originales. C’est la clé de voûte de notre reconstruction éditoriale.
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeSam 14 Juil - 16:54

Comment tourner une fiction sur le génocide rwandais, collant au réel, avec les victimes ou témoins du drame, sans réveiller inévitablement souvenirs et traumatismes ?

Œuvrant d'ordinaire auprès des enfants de la rue à Kigali pour le compte de l'Unicef, Nadine Irankunda, l'assistante rwandaise d'Alain Tasma, le réalisateur du téléfilm Opération Turquoise (Canal+), a imposé que soient présents tous les jours sur ce tournage à haute tension émotionnelle une équipe de psychologues afin de prévenir les accès de panique ou de subite dépression. Le nombre de ces praticiens a varié en fonction du nombre de figurants et de l'intensité des scènes. Très nombreux sont en effet les figurants qui ont perdu leurs proches ou sont rescapés de tueries dans des circonstances et des lieux assez identiques à celles décrites dans le scénario de Gilles Taurand.

"A Bisesero, c'était très grave, je devais contrôler à chaque minute", raconte Solange Fitina, qui a dirigé l'équipe de psys et participé au casting. En 1994, 50 000 Tutsis s'étaient réfugiés dans la colline de Bisesero et mille seulement avaient survécu aux massacres perpétrés par les extrémistes hutus. Pour les besoins du tournage, des spécialistes en effets spéciaux y ont reconstitué un charnier avec des cadavres en latex. "C'était horrible. J'emmenais les gens là-bas pour qu'ils les touchent sinon ils avaient peur", poursuit Solange, qui a déjà participé au titre de psychologue à six films tournés au Rwanda depuis le génocide. Ajoutant, "ici, on dit que c'est grave quand on emmène quelqu'un à l'hôpital".
Quelques incidents vite résolus ont émaillé le tournage, qui s'est globalement déroulé sans encombre : l'interprète d'un milicien interahamwe à un faux barrage routier à Nyarushishi a confondu, subitement, passé et présent. Lors d'une autre scène, une jeune femme incarnant une fuyarde tutsie, blessée et mourant sous les yeux des soldats français, a refusé de jouer en constatant que, dans le groupe des quatre miliciens brandissant gourdins et machettes, l'un l'avait réellement poursuivie à l'âge de huit ans. Pris par les délais, le réalisateur l'a convaincue de tourner. Un rescapé tutsi a menacé d'envoyer réellement sa lance contre un assaillant hutu. Il le voyait répéter les mêmes gestes qu'en 1994. "Et si je le tuais vraiment, qu'est-ce que vous feriez ?", a-t-il dit à Nadine Irankunda.
Le travail des psychologues a consisté à résumer sans relâche l'histoire du film, à donner des conseils, réconforter d'un mot ou d'un geste les figurants. "Aux Tutsis, je leur dis de vivre au lieu de survivre", explique Solange Fitina. Pour la scène de l'église de Karambi, qui figurera dans le film le village de Mugata, elle a été secondée par des jeunes femmes diplômées de l'université de Butare qui, depuis cinq ans, forme des psychologues pour aider les traumatisés du génocide.
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 16:50

"OPERATION TURQUOISE" Fiction d'Alain Tasma et Gilles Taurand, produite par Canal +, avec la participation de France 2, sera diffusée sur Canal en Novembre 2007: "Beaucoup d'officiers à qui j'ai fait lire le scénario n'ont rien trouvé à y redire, confie Gilles Taurand, mais ils ajoutaient souvent génés: "Tout cela, je ne l'avouerai jamais officiellement".
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeVen 16 Nov - 14:27

Juin 1994. Environ 150 soldats français pénètrent dans le sud du Rwanda, deux mois et demi après le début du génocide. A l'époque de l'opération "Turquoise", conduite par l'armée française, Gilles Taurand est plongé dans l'écriture des Roseaux sauvages avec le cinéaste André Téchiné. Pendant cette collaboration allègre, qui sera couronnée par quatre Césars, le scénariste perçoit de vagues échos de ce qui se passe là-bas, en Afrique. Guère plus.

Juillet 2007, à Butare, Rwanda. Le même Gilles Taurand assiste aux ultimes prises du téléfilm Opération Turquoise. "C'est quelque chose dans une vie", glisse-t-il, laconique. Durant deux ans, le scénariste a pris cette histoire à bras-le-corps. Il a tout lu, rencontré nombre de protagonistes du drame, s'est heurté aux silences de l'armée. Période d'"obsession", "expérience limite", confie-t-il à Paris, en allumant les cigarettes les unes après les autres.

De critique littéraire à psychologue clinicien, Gilles Taurand, 64 ans, a connu plusieurs existences. Dans la dernière, il invente d'autres vies, imaginaires celles-là. Depuis vingt-six ans, il est l'un des scénaristes les plus représentatifs du cinéma d'auteur. Il a adapté Le Temps retrouvé de Marcel Proust pour Raoul Ruiz et Le Promeneur du Champ-de-Mars de Georges-Marc Benamou pour Robert Guédiguian. Il travaille en ce moment à quatre projets pour Lucas Belvaux, Serge Le Péron, Christophe Honoré et Yann Moix. Et saute de la télévision au cinéma, d'une transposition contemporaine de La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette au récit du groupe Manouchian, de l'épisode de la grotte d'Ouvéa en 1988 à la vie d'Edith Stein. Cette carrière d'auteur a succédé à plusieurs métiers aussi divers que critique littéraire - il fit partie de l'équipe fondatrice du Magazine littéraire - et gardian en Camargue.

De toutes ces expériences, aucune ne l'aura autant marqué que cette Opération Turquoise, téléfilm réalisé par Alain Tasma dans le cadre d'une série de fictions politiques commandée par Canal+. "Jamais je n'ai vécu une telle aventure collective, assure-t-il, assis à son bureau couvert de livres et de dessins de Maillol. Lors des repérages, je me suis retrouvé avec des Hutu et des Tutsi dont la famille avait été décimée. Plus on se rapproche de la réalité, plus le vertige de la fiction est indécent et obscène", dit-il. Il en tire l'obligation de rendre au plus près les situations vécues par les soldats, se gardant de livrer un scénario à thèse ou qui aborderait frontalement le génocide. "C'était, dit-il, interdit de déraper."

Le cinéaste André Téchiné le décrit comme "un homme très inventif, joyeux, serein, capable de neutraliser les conflits". Les conflits psychologiques ou politiques sont précisément ce qui le passionne. "Quelque chose du passé de clinicien de Gilles s'exprime dans son approche du travail, avance le réalisateur Benoît Jacquot. Chaque film est comme un cas clinique. Il commence par porter un diagnostic, ensuite il traite."

Hier comme aujourd'hui, "traiter", pour cet esthète, n'est pas donner une solution. C'est plutôt ouvrir la conscience, tracer le périmètre de l'incertitude. "La seule vérité objective, dit-il, ce sont les 800 000 victimes d'un génocide planifié de longue date. J'espère qu'Opération Turquoise fera mieux comprendre comment des soldats de bonne volonté se sont retrouvés pris au piège d'une mission humanitaire qui ne pouvait effacer par magie la présence militaire de la France au Rwanda dans les années précédant le génocide."

Le scénariste s'est toujours plu à remonter à la source, gratter les plaies, fouiller l'ambivalence. "L'autre, quand il devient un personnage, est forcément complexe, explique-t-il. Les contradictions internes m'intéressent, ces névroses cachées derrière l'apparence." Dès l'enfance, la volonté "de pousser les murs", doublée d'une gourmandise pour la vie, ne l'a pas lâché. A 15 ans, Gilles Taurand, fils du directeur d'une usine de textile et d'une mère au foyer, se rêve biologiste. Il écrit à Jean Rostand. Celui-ci le reçoit, lui donne un précis de dissection et un ouvrage sur les batraciens. Dans sa chambre, l'ado monte un laboratoire, achète des grenouilles, auxquelles il injecte des hormones mâles, afin de vérifier si celles-ci provoquent le cancer. L'expérience produit une ovulation artificielle, et Gilles, adoubé par le biologiste de Ville-d'Avray, publie ses découvertes scientifiques.

A 18 ans, il est bachelier et benjamin de la République des lettres avec un premier roman aux accents gidiens, bientôt suivi d'un deuxième. Transfiguration quatre ans plus tard : le voilà psychopédagogue à l'hôpital parisien des Enfants-Malades, puis professeur de psychologie clinique à la turbulente université de Vincennes. En 1981, par l'intermédiaire de l'un de ses étudiants passé à la réalisation de courts métrages, il fait la connaissance d'André Téchiné. A l'époque, le cinéaste est en quête d'un ton nouveau, d'une narration plus libre insufflée par un compagnon d'écriture ignorant les ficelles du métier. Ensemble, ils cosignent l'Hôtel des Amériques, premier des cinq films qu'ils écriront côte à côte, loin de Paris.

Gilles Taurand tient que toutes les portes sont ouvertes dès lors qu'on est fidèle à soi-même. Téchiné ne cache pas son admiration pour ses métamorphoses permanentes. "Sa faculté d'adaptation, dit-il, m'a très tôt fait pressentir qu'il serait un bon scénariste." Le genre à effectuer des stages d'observation dans un commissariat ou un pressing pour affiner son inspiration. "Voyager, bouger, observer le social et le politique est une nécessité : on ne peut écrire en chambre", déclare l'intéressé.

Il y a trois ans, Gilles Taurand a traversé une crise existentielle, une vraie, "quasiment une question de vie ou de mort". Toujours happé par une curiosité buissonnière, voué à l'ombre et à l'écoute par sa profession de clinicien puis de scénariste, ce boulimique d'histoires avait perdu, chemin faisant, l'une de ses vies. "Il me manquait quelque chose. Je ne parvenais pas à m'identifier pleinement aux hommages qu'on me rendait dans des festivals." Ce sentiment d'incomplétude l'a conduit chez un analyste. Six mois lui ont suffi pour renouer avec le "je" et l'écriture romanesque, mise en sommeil pendant quarante ans.

L'auteur d'Exécution d'un soldat en gare de Metz affectionne un proverbe chinois : "Le lieu le plus obscur est toujours sous la lampe." Injonction à prendre de la distance pour découvrir le meilleur éclairage.
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeLun 19 Nov - 10:20

1994. C’est l’été. En France, on s’apprête à quitter les écoles et à partir en vacances. Au Rwanda, on « génocide ». Le 19 juin, l’armée française s’apprête à pénétrer sur le territoire rwandais. La mission : sécuriser les populations en danger. Belle idée. Mais pourquoi les militaires français n’arrivent que maintenant, alors que les Tutsis sont déjà presque un million à avoir péri sous les machettes et les balles des Hutus ? C’est la question que s’est posée Alain Tasma. C’est la question qu’il nous pose à tous ce soir.


Humanitaire
Pour cela, il a choisi de nous entraîner dans les pas de cette opération « Turquoise » menée par trois détachements du commandement des opérations spéciales (COS). A l’origine, il s’agit simplement de militaires venus accomplir une mission humanitaire. Ils savent qu’un génocide a lieu. Aguerris, ils attendent de savoir comment venir en aide à ces milliers d’hommes et de femmes perdus, terrorisés. Mais comment savoir qui protéger ? Comment reconnaître un rebelle d’un militaire rwandais en déroute ? Sans manichéisme, Opération Turquoise veut démontrer que l’armée française engagée sur le terrain n’a pas été préparée à un tel massacre. Au fur et à mesure, les personnages s’enfoncent dans cette vérité qui les dépasse. Des rôles complexes aux prises avec l’histoire et avec un massacre perpétré dans l’indifférence générale. Un constat qui sonne douloureusement dans nos consciences à l’heure où le monde décide d’ouvrir les yeux sur le Darfour.
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeLun 19 Nov - 10:37

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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeMar 20 Nov - 8:07

Le général Lafoucade : le film Opération Turquoise est partial et partiel !
Enquête à charge au Rwanda, documentaire-fiction sur Canal +, émission de Colombe Schneck sur France Inter, l'Armée française est mise sur la sellette à propos de son comportement dans les années 1990. Contre-enquête et interview du général Lafourcade.




Le Rwanda revient dans l'actualité. Les autorités du pays s'apprêtent à publier le rapport de la Commission nationale indépendante (CNI), commission d'enquête sur la responsabilité de la France dans le génocide. Un rapport sans nuances accusant les militaires français, par exemple, d'avoir jeté dans le vide des Tutsis du haut de leurs hélicoptères, violé des femmes du pays, etc. Au même moment, Canal + a diffusé lundi 19 novembre un documentaire fiction intitulé Opération Turquoise, qui reprend un certain nombre de ces accusations sur le comportement des troupes françaises en 1994.

Depuis quelques années, une violente polémique agite les milieux diplomatiques, humanitaires et journalistiques sur ce qui s'est passé au Rwanda, comme en a rendu compte Alain Léauthier dans le numéro de cette semaine de Marianne. Le dossier est à la fois complexe et douloureux. Du côté rwandais, on accuse la France, qui était liée par des accords de coopération au régime d'Habyarimana, d'avoir soutenu les génocidaires. Le journaliste du Figaro Patrick de Saint Exupéry a donné une certaine force à ces accusations, ainsi que certaines associations humanitaires.
De leur côté, d'autres journalistes comme Stephen Smith ou Pierre Péan) ont réalisé des contre-enquêtes tendant à établir que l'armée française a fait du mieux qu'elle a pu pour remplir la mission de l'ONU, décidée bien tardivement, et que les intentions du gouvernement de l'époque étaient strictement humanitaires. D'ailleurs, interrogé récemment par Marianne2.fr, le conseiller spécial du président Sarkozy Henri Guaino a indiqué que «la France n'avait pas l'intention de se repentir pour des exactions que son armée n'avait pas commises». Enfin, l'enquête du juge Bruguière, publiée voici un an, a conclu à la culpabilité du président Kagame et de certains de ses lieutenants dans l'attentat perpétré le 6 avril 1994 contre le président Habyarimana, attentat qui a joué un rôle de déclencheur dans le génocide ayant causé la mort de 800 000 personnes.

Un traitement à charge
Il n'est pas question ici de trancher sur le fond d'un dossier comprenant des milliers de pages de documentation et de témoignages. Mais on peut s'étonner du peu d'impartialité manifestée à la fois par les auteurs du documentaire et par l'émission de France Inter.
Il est pour le moins cavalier que les auteurs du documentaire n'aient consulté que Patrick Saint Exupéry, négligeant même (voir l'interview ci-dessous) d'interroger le général responsable de l'opération. Il est aussi regrettable que, lors de son émission consacrée en principe à la critique des médias sur France Inter, J'ai mes sources, lundi 19 novembre, Colombe Schneck n'ait convié que les partisans d'une seule thèse, qui met en cause l'armée française : les auteurs de la fiction télé et Patrick de Saint Exupéry, sans jamais faire référence à l'enquête de Pierre Péan ni aux travaux universitaires critiquant le régime de Kagame. Il est d'ailleurs ahurissant que les auteurs du documentaire aient loué à l'antenne la largesse d'esprit de Paul Kagamé qui a certes autorisé le tournage d'un film dont il savait qu'il ne le desservirait point, mais qui, rappelons-le, écrase son peuple sous le joug de sa dictature… Encore plus ahurissant que le journaliste du Figaro Patrick de Saint Exupéry ait pu dire à l'antenne qu'il était blacklisté par les militaires français du Sirpa, le service de communication de l'armée, alors que lui-même écrivait, le 12 juillet 1994 dans le Figaro : «En mettant sur pied l'opération Turquoise, l'armée française a agi au mieux.»
Fidèle à notre conception de la contre-programmation, nous avons demandé au général Lafourcade, qui dirigea l'opération Turquoise, de réagir au film de Canal+.




Le Général Lafourcade répond à Canal +

Vous avez dirigé l'opération Turquoise en 1994. Avez-vous été contacté par les auteurs du film Opération Turquoise ?
Jean-Claude Lafourcade : Je n'ai jamais été contacté et c'est d'ailleurs ce qui m'a choqué. Le documentaire-fiction est à la fois partiel et partial. Partiel, parce qu'il ne prend en compte qu'une séquence d'une dizaine de jours sur une opération qui a duré deux mois. Partial, parce qu'il popularise la thèse d'une prétendue complaisance d'une fraction de l'armée française envers les exactions hutus.

Avez vous vu le film ?
Oui. Il pose d'abord un problème de méthode : les auteurs se protègent en expliquant qu'il s'agit d'une fiction alors que le nom de l'opération Turquoise, ainsi qu'un certain nombre de lieux sont réels, et que les personnalités évoquées par le film sont aisément reconnaissables. Sous couvert de fiction, les auteurs du film popularisent une thèse partisane sur la responsabilité de l'armée française dans le génocide. Par ailleurs, la sortie de ce film pose un problème puisqu'elle intervient au moment où une instruction est en cours devant le tribunal pénal des armées.

Que répondez-vous sur aux accusations graves portées par les auteurs du film et par le journaliste consultant Patrick de Saint Exupéry ?
Il faut d'abord rappeler que le génocide a commencé en avril. Je porte personnellement un jugement très sévère sur l'ONU qui ne s'est pas donné les moyens d'intervenir alors que l'envoi de 2500 hommes aurait suffi à éviter le génocide. Devant cette situation, François Mitterrand a obtenu de l'ONU qu'elle mandate un petit contingent de troupes françaises pour faciliter l'arrivée d'un contingent de 2500 hommes destiné à arrêter les exactions. Cette mission impliquait évidemment une impartialité totale par rapport au conflit. La difficulté était que la France, liée au régime rwandais de l'époque par des accords de coopération, n'était sans doute pas la mieux placée pour intervenir. Mais notre mission a scrupuleusement respecté les consignes d'impartialité de la mission de l'ONU. A l'époque, tous les observateurs sur le terrain ont salué l'intervention française. Maintenant, si l'enquête révèle des fautes de certains militaires, ils seront sanctionnés. Mais cela n'a rien à voir avec ce dont on accuse l'armée, d'avoir prêté main forte aux forces génocidaires.

Les auteurs du film accusent la France d'être incapable, treize ans après les faits, de prononcer le mot de génocide.
Alain Juppé a dénoncé le génocide à l'époque. Il est extravagant de voir les militaires français dénoncés alors qu'ils ont été les seuls sur le moment à venir défendre les Tutsis. Même si cette intervention était certainement trop tardive – c'était en avril qu'il fallait agir –, nos troupes ont tout de même sauvé des dizaines de milliers de Tutsis.
Propos recueillis par Philippe Cohen

L'auteur de cet article a co-écrit avec Pierre Péan La Face cachée du Monde (2003, Mille et une nuits)


Mardi 20 Novembre 2007 - 00:01
Philippe Cohen
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MessageSujet: Re: Opération Turquoise: film peu favorable à l'armée française   Opération Turquoise:  film peu favorable à l'armée française Icon_minitimeSam 24 Nov - 8:21

Dits et non-dits du téléfilm "Opération Turquoise"
par Serge Farnel

Paris, 23 Nov. (ARI) - Le téléfilm «Opération Turquoise», que diffuse en ce moment la chaîne télévisée française Canal plus, tire son nom de l’intervention à vocation humanitaire que la France conduisit sous mandat onusien à partir du 22 juin 1994 au Rwanda.

Le téléfilm est centré sur les événements qui prévalurent sur les collines rwandaises de Bisesero aux premiers jours de cette intervention : le 27 juin 1994, le convoi du lieutenant-colonel français Jean-Rémy Duval (alias Harrège dans le film) y découvre des centaines de Tutsi sans défense tentant d’échapper aux tueries orchestrées à leur encontre par les autorités locales. Sans toutefois laisser un seul de ses hommes sur place afin de dissuader les assaillants de poursuivre leur entreprise d’extermination, le convoi repart, Duval promettant aux rescapés de revenir les secourir au plus vite. Près d’un millier d’entre eux périssent dès lors dans des attaques d’une intensité encore inégalée, les assauts ne prenant fin que le 30 juin, date à laquelle les militaires français leur portent enfin secours.

Que s’est-il passé pour que l’armée française manque ainsi à son devoir de protection ? C’est notamment ce à quoi tente de répondre le téléfilm d’Alain Tasma.

Deux versions s’opposent. D’un côté, l’armée française fait valoir une mauvaise communication de Duval vers sa hiérarchie. De l’autre, elle est accusée d’avoir laissé à ses anciens alliés le temps de finir le «travail».

Le téléfilm ne fournit malheureusement pas au téléspectateur l’ensemble des éléments lui permettant de se forger un avis définitif sur ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler la «polémique de Bisesero». Trois pièces essentielles manquent en effet au puzzle.

Première pièce manquante. Le capitaine de frégate Marin Gillier (alias Cormery dans le film), à la tête du détachement de Turquoise dans le secteur duquel se trouve Bisesero, écrira, dans une lettre adressée quatre ans après les événements à la Mission d’Information Parlementaire pour le Rwanda, n’avoir été confronté à la tragédie rwandaise qu’à partir du 30 juin. C’est à cette version que semble souscrire le film en omettant de présenter la scène dans laquelle cet officier est informé, quatre jours avant de porter secours aux rescapés tutsi, des massacres qui ont lieu dans la région de Bisesero. C’est le journaliste Sam Kiley du New York Times qui le lui indique, carte à l’appui, devant les caméras de CNN ! Aussi la version officielle de l’armée française consistant à accabler Duval pour n’avoir pas correctement fait part de sa découverte du 27 juin résiste mal au fait que Marin Gillier, en avait, quant à lui, été informé la veille par une autre source. Par ailleurs, conformément aux révélations faites par le gendarme du GIGN, Thierry Prungnaud, sur France Culture le 22 avril 2005, le sauvetage du 30 juin n’aurait résulté que de sa désobéissance aux ordres de Marin Gillier, acte qui lui permit, en se rendant à Bisesero, de découvrir, parmi les Tutsi rencontrés trois jours plus tôt par Duval, ceux qui survécurent aux assauts des génocidaires.

Deuxième pièce manquante. Le convoi en route vers Bisesero est guidé par un instituteur hutu parlant français que Duval vient de rencontrer dans le village de Mubuga. Le téléfilm montre bien les rescapés tutsi qu’ils découvrent à Bisesero dénoncer, à l’attention de l’officier français, son guide comme étant un chef milicien. Si le téléfilm montre également le convoi de Duval les abandonner sans protection, il fait toutefois l’impasse sur le fait que l’officier français raccompagne puis libère aussitôt son guide dont il vient pourtant d’apprendre sa qualité de génocidaire. C’est ce qu’a expliqué ce dernier à l’occasion des auditions de la Commission rwandaise qui, ce vendredi 16 novembre, a remis son rapport au président Paul Kagamé. L’auteur de cet article a assisté, en décembre dernier à Kigali, à l’ensemble des auditions relatives aux témoins de fait. Le guide de Duval expliqua, à cette occasion, avoir été celui qui fut chargé par le bourgmestre de Gishyita, organisateur des massacres de Bisesero, de transmettre ses ordres aux différents chefs miliciens de la région. Près de quatre mille génocidaires furent dès lors convoyés à partir de régions avoisinantes pour être ensuite rassemblés sur la place centrale de sa commune en vue d’un assaut de grande ampleur à l’encontre des Tutsi que le guide milicien avait découvert en même temps que Duval. Le film ne montre pas cet envers du décor.

Troisième pièce manquante. A l’occasion du déplacement de la Commission rwandaise à Gishyita ainsi que sur les collines de Bisesero, l’auteur du présent article a pu entendre le guide de Duval expliquer que des centaines de miliciens se sont rassemblés sur la place principale de Gishyita, à deux cent mètres à peine du campement du détachement de Marin Gillier. Ce dernier ignorait-il vraiment, depuis les révélations qu’on lui avaient faites le 26 juin, que ces groupes n’allaient pas se battre contre de soi-disant infiltrés du FPR (Front patriotique rwandais constitué en grande partie des Tutsi exilés depuis les pogroms de 1959) mais bien massacrer des civils tutsi sans défense ? La question mérite d’être posée. Toujours selon les témoins entendus sur site, des militaires français auraient participé à des réunions en compagnie de chefs interahamwe (milice génocidaire) dans le bar de Mika Muhimana - aujourd’hui condamné à vie pour génocide par le Tribunal international pour le Rwanda (TPIR), tandis que sur la place sur laquelle donne ce bar, se rassemblaient les miliciens auxquels Mika donnait les derniers conseils avant qu’ils ne se rendent à Bisesero pour y tuer les civils tutsi. Selon de nombreux témoignages concordants, des soldats français postés à une barrière de Gishyita, l’auraient alors ouverte à de nombreuses reprises afin de laisser les convois de génocidaires armés de fusils et de gourdins se rendre à Bisesero y massacrer les survivants tutsi.

L’image que donne à voir le puzzle ainsi reconstitué fait de la polémique de «Bisesero» un événement d’une gravité exceptionnelle pour certains officiers de l’armée française.

Le film, outre le fait qu’il la réouvre, a l’immense mérite d’avoir rappelé, par le biais de l’acteur qui incarne le journaliste s’étant le premier interrogé sur cette affaire, Patrick de Saint-Exupéry, que les soldats français furent, quelques années plus tôt, aux barrières du génocide lorsque les Rwandais dont la carte d’identité mentionnait «Tutsi» y étaient arrêtés pour être aussitôt exécutés.

Le téléfilm participe également, par l’intermédiaire de propos tenus par le colonel français Tauzin (alias Rambert dans le film), à faire savoir que les forces de Turquoise exfiltrèrent les génocidaires rwandais vers le Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo, RDC) afin de les réarmer en vue de la reconquête du Rwanda.

Or l’Est de la RDC fait aujourd’hui les frais de cette exfiltration, des milliers d’anciens génocidaires, regroupés au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), terrorisant, à ce jour encore, la population tutsi congolaise. C’est pour la protéger en lieu et place de l’armée régulière défaillante que le général Laurent Nkunda fit dissidence en 2002.

L’auteur de ces lignes s’est, en début d’année, entretenu avec le général rebelle sur les hauteurs de Kirolirwe, dans son QG secret de l’est du Congo. A cette époque, ce dernier avait accusé, preuve à l’appui, par son intermédiaire, le général français Christian Houdet, alors chef militaire de la Mission des nations unies au Congo (Monuc) de refuser de désarmer les FDLR. Une question au cœur du conflit qui sévit aujourd’hui dans cette partie du monde et qui pourrait peut-être avoir enfin trouvé une solution dans le cadre de l’accord de Nairobi signé le 9 novembre dernier entre la RDC et le Rwanda. Un accord qui laisse à Kinshasa jusqu’au 1er décembre pour dévoiler son plan de guerre à l’encontre des anciens génocidaires exfiltrés par Turquoise. (FIN)

ARI-RNA/ Gen./ S.F /23. 11. 07/ 15 : 35 GMT
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